László Rajk n’avait que 4 mois lorsque son père, ministre du gouvernement communiste, est arrêté en 1949 à Budapest. C’est l’époque où les communistes se dévorent entre eux. László Rajk senior est exécuté après une parodie de justice orchestrée par le Kremlin.
Arraché à sa mère, jetée en prison, László junior grandit dans un orphelinat. On lui a même enlevé son nom. Et lorsque sa mère sort de prison en 1954, elle reçoit une carte d’identité au nom de «Györk». Non sans mal, elle retrouve son fils âgé de 5 ans. A la faveur du dégel, elle reprend son nom et obtient que son mari soit réhabilité.
Le 6 octobre 1956, le jeune László est présent aux funérailles de ce père qu’il n’a pas connu, et auxquelles assistent plus de 300 000 Hongrois. C’est un prélude à l’insurrection qui éclate quelques jours plus tard, et qui sera écrasée dans le sang par les Soviétiques.
Architecte et décorateur, László Rajk est aussi l'un des dissidents qui ont contribué à précipiter la chute du communisme. Dans les années 70, il a rejoint un groupe d'artistes et d'intellectuels. C'est dans son appartement que l'on imprime les livres interdits. Du mouvement de dissidents naît un parti politique libéral, le SZDSZ. Elu député aux premières élections libres de 1990, il démissionne en 1996, lorsqu'une affaire de corruption éclabousse son parti. Le SZDSZ participera deux fois à un gouvernement de centre gauche, avant d'être battu aux élections de 2010. Rajk se consacre alors à son métier d'architecte et de plasticien. Après le retour au pouvoir d'Orbán, plus personne ne lui commande de travaux. Il s'investit donc dans le cinéma, signant notamment les décors du Fils de Saul primé à Cannes. Dans ces colonnes, il avait cherché à expliquer comme la Hongrie était tombée dans l'autoritarisme. «Tout commence par les mots. Et Viktor Orbán l'a bien compris.»