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Dans la capitale, à Lyon, Toulouse, Versailles, Tours, Montpellier ou encore Caen, les jardins de rues font florès. Les mairies, inspirées par la pionnière Paris, sont de plus en plus nombreuses à délivrer des permis de végétaliser aux citoyens. Les bacs de fleurs se multiplient, les pieds des arbres sont peu à peu libérés des grilles pour être ensemencés. Il existe une manière supplémentaire, plus subtile et même poétique, d'œuvrer. Avec le microfleurissement, on sème au pied des murs, dans les failles des trottoirs. Une façon d'ensauvager les villes et de prendre soin des abeilles citadines.
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Fleurir à peu de frais
C'est aussi l'occasion de s'approprier l'espace public et de tisser des liens avec ses voisins. Les demandes sont souvent déposées à plusieurs. Ce type de verdissement participatif a l'avantage d'être peu onéreux. Via la signature du permis de végétaliser, les villes autorisent et facilitent l'implantation de fleurs. Le plus souvent, les mairies proposent des graines à semer, du moins pour la première installation, et financent les petits travaux d'aménagement.
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A quelques conditions cependant. D'abord, l'emplacement choisi ne doit pas gêner le passage et le trottoir doit être suffisamment grand. Plusieurs villes demandent au minimum 1,40 mètre de largeur. Si le projet est faisable, la mairie perce l'enrobé. Des employés municipaux sont chargés de creuser une fente au pied du mur et de la remplir de terre. A Caen, l'association qui travaille en partenariat avec la mairie appose en plus un pochoir «Au pied du mur» à proximité de chaque projet réalisé. Dans certains cas, on peut aussi semer dans des fissures déjà existantes, comme à Nantes. A Marseille, on dispose des pots de fleurs en file indienne le long des trottoirs. Ensuite, c'est aux habitants de jouer. Ils s'engagent à entretenir régulièrement les plantations et l'utilisation de pesticides est proscrite.
Sachets de graines
La nature s'incruste déjà spontanément dans l'asphalte. Quand l'homme donne un coup de pouce, chaque mairie a ses recommandations concernant les variétés à planter. On oublie les espèces envahissantes, invasives et celles allergènes comme les graminées. «Mieux vaut privilégier les plantes sauvages non horticoles, florifères et très résistantes à la sécheresse telles que les roses trémières», recommande le site de la ville de Lyon, qui revendique plus de 900 micro-implantations florales réalisées en dix ans, soit l'équivalent de 8 kilomètres.
A Niort, qui s'est lancée avec «J'adopte mon trottoir pour le fleurir» à l'automne 2015, on distribue des sachets de graines, une «dizaine d'espèces différentes, sauvages ou horticoles, qui n'ont besoin ni d'arrosage, ni d'engrais pour se développer».
A Tours, avec «A fleur de trottoirs» lancée en 2016, «tout est permis : bulbes, plantes grimpantes, arbustes à palisser, arbrisseaux, vivaces, annuelles et bisannuelles». A l'inverse, comme Bordeaux et Grenoble, Montpellier a dressé une liste de plantes dans laquelle les habitants peuvent piocher. Toutes sont peu gourmandes en eau.
A Toulouse pour «Des fleurs sur mon mur», un formulaire détaille les plantes les plus adaptées, notamment le parfumé jasmin étoilé. La ville va désormais plus loin. Depuis cette année, les habitants peuvent demander à «végétaliser et fleurir les barrières fixes le long du trottoir devant leur domicile ou commerce».