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Libération
Auf Wiedersehen

Autriche : l'ancien président du FPÖ quitte la vie politique

L’ex-vice-chancelier Heinz-Christian Strache a annoncé mardi son retrait de la vie politique après une série de scandales et la débâcle du parti d’extrême droite aux législatives anticipées de dimanche.
Heinz-Christian Strache annonce sa retraite politique à Vienne, mardi. (JOE KLAMAR/Photo Joe Klamar. AFP)
publié le 1er octobre 2019 à 17h02

C'est avec un visage d'une grande pâleur qu'Heinz-Christian Strache a annoncé mardi matin son retrait de la vie politique. Il y a quatre mois, l'ancien vice-chancelier autrichien avait déjà démissionné de la tête de son parti d'extrême droite, le FPÖ. Il va plus loin et rend maintenant sa carte, avec l'intention de protéger sa «famille» politique des «calomnies» dont il fait l'objet.

Cette décision intervient alors que le FPÖ a subi une défaite douloureuse aux législatives anticipées de dimanche, avec une perte d'environ 10% des suffrages par rapport à 2017 au profit du parti conservateur de Sebastian Kurz et des Verts. Une semaine avant le scrutin, des journaux avaient dévoilé que Heinz-Christian Strache faisait l'objet d'une enquête concernant des soupçons de malversation. Le quinquagénaire aurait, pendant des années, mené grand train en faisant payer ses factures au FPÖ. Les histoires, relayées par des médias, de sacs à main de luxe achetés à sa femme aux frais du parti – et donc du contribuable – ont été désastreuses pour le camp populiste, qui se pose en représentant du peuple contre les élites.

Prothésiste dentaire

En mai dernier, d'autres révélations avaient annoncé le début de la fin pour Strache. Une vidéo filmée à son insu lors d'une soirée à Ibiza, en 2017, le montrait prêt à accepter des financements occultes de la part d'une oligarque russe en échange de marchés publics. Le scandale lui avait coûté à Strache son poste de vice-chancelier et au FPÖ sa participation au gouvernement.

L’annonce de son retrait complet provoque aujourd’hui sans doute des soupirs de soulagement dans les rangs de l’extrême droite. Le FPÖ a mené campagne pour les législatives en essayant de se laver les mains de ses incartades, mais son leader déchu faisait des interférences, sous la forme de déclarations incontrôlées dans les médias. Or, l’ancien prothésiste dentaire jouit encore d’un reste de popularité, après quatorze ans à la tête d’un des trois grands partis autrichiens. En 2005, il avait pris la tête d’une formation quasi exsangue pour la mener, en 2017, à participer au gouvernement, avec, pour la première fois, des ministères régaliens à la clé.

Pour tenter de le faire oublier, le FPÖ a mis en avant un duo dirigeant pendant la campagne : le souriant Norbert Hofer, qui a failli être élu président de la République en 2016, et le provoquant Herbert Kickl, ancien ministre de l'Intérieur. Lequel des deux va prendre la main sur la formation populiste ? «Pour une éventuelle participation gouvernementale, Hofer est plus adapté», analyse le politologue Peter Filzmaier, «mais dans l'opposition, peut-être plutôt Kickl».

Rupture

Car c’est la question à laquelle devront répondre les cadres du FPÖ dans les semaines à venir : veulent-ils tenter de revenir au gouvernement ? Actuellement, nombre d’entre eux s’expriment plutôt en faveur d’un retour à l’opposition. Mais les négociations entre les partis élus au Parlement dimanche pour former une coalition s’annoncent très longues et le vent peut tourner. La rupture consommée avec Strache pourrait faciliter au FPÖ un retour éventuel sur les bancs ministériels.