Le problème des sponsors (comme des annonceurs), c'est qu'ils n'aiment pas être critiqués, peuvent se braquer si le bénéficiaire de la manne sort du discours attendu. Et quand un Etat est derrière, qui plus est la Chine, l'affaire se corse encore plus. La franchise NBA des Houston Rockets peut en témoigner, qui s'est mis à dos rien de moins que le pays le plus peuplé de la planète. Tout est parti du manager général de l'équipe texane, Daryl Morey, qui a découvert à ses dépens ce qu'était l'effet papillon. Sûrement avec une sincérité naïve, presque touchante au regard des règles tacites du business de la NBA, il balance vendredi sur Twitter un message de soutien aux manifestants hongkongais (lire page 6 et 7). Le tweet est rapidement supprimé, à la demande de ses supérieurs ou devant le flot d'insultes en provenance de Chine.
Trop tard. Rien ne disparaît, tout se transforme en polémique sur le Net. La peur s'est instantanément emparée des Rockets. Le proprio de la franchise, Tilman Fetitta, sur Twitter : «Daryl Morey ne parle PAS au nom des Houston Rockets. Nous ne sommes PAS une organisation politique.» La ligue, pourtant réputée assez progressiste, a multiplié les communiqués pour s'excuser. En Chine, on a très mal réagi. Les entreprises Li-Ning et Shanghai Pudong Development Bank veulen cesser leur sponsoring des Rockets et la télévision officielle chinoise a décidé de ne plus retransmettre leurs rencontres et a suspendu la diffusion de deux matchs de présaison.
La ligue tremble. La raison est d’une logique capitaliste implacable : l’argent. Deux chiffres donnent le vertige : Le géant du Web chinois, Tencent, a payé 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) jusqu’en 2025 pour diffuser les matchs et au moins 500 millions de Chinois ont vu une rencontre à la télé l’an dernier. A deux semaines du début de la saison, la NBA veut éviter que la boule de neige ne devienne avalanche de répudiation en provenance de Chine. Quitte à sacrifier son image.