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Libération
EDITORIAL

Impuissance

publié le 13 octobre 2019 à 21h26

La France menace de suspendre ses livraisons d'armes, Donald Trump d'asphyxier l'économie turque, Angela Merkel appelle à cesser les combats… et Recep Tayyip Erdogan semble, lui, plus déterminé que jamais à poursuivre son offensive contre les Kurdes dans le Nord-Est syrien. Pourquoi le président turc tremblerait-il davantage, puisque le Conseil de sécurité de l'ONU s'est montré incapable, à défaut de voter une véritable résolution, de se mettre d'accord sur une simple déclaration ? Et qu'après de «forts encouragements» à interrompre les opérations militaires, le secrétaire à la Défense américain a finalement annoncé le retrait d'un millier de soldats…

Pour l'heure, les «conséquences» promises en représailles à Ankara par la communauté internationale restent lettre morte. Celles subies par les Kurdes sont en revanche bien réelles : dimanche, un convoi de femmes et d'enfants, encadrés par des miliciens kurdes, a été pris pour cible par l'aviation turque alors qu'il fuyait les combats. Autre conséquence inquiétante : les prisonniers du camp d'Aïn Issa, à 50 kilomètres de Raqqa, ont été abandonnés à leur sort par leurs geôliers kurdes. Parmi eux : des membres des familles de jihadistes, auxquels se mêlent des cellules dormantes de Daech. Sans surprise, l'impuissance politique et diplomatique face à l'offensive turque en Syrie est payée au prix fort. A défaut de l'avoir empêchée, la communauté internationale doit désormais tout faire pour éviter qu'advienne le désastre humanitaire annoncé. Et qu'à l'horreur s'ajoute le déshonneur.