Un «chemin étroit» pour un accord. C'est en ces termes prudents que le négociateur du Brexit pour l'UE, Michel Barnier, a fait état, mardi, de la teneur de ses dernières discussions avec le Premier ministre britannique, Boris Johnson. A quinze jours de la date prévue du Brexit et surtout avant le très attendu Conseil européen de jeudi à Bruxelles, il existerait donc un «chemin étroit» entre les objectifs de l'UE visant à protéger le marché unique et le souhait de Boris Johnson de maintenir l'Irlande du Nord au sein des frontières douanières du Royaume-Uni.
Downing Street aurait ainsi consenti aux exigences européennes, à savoir l'instauration d'une frontière le long de la mer d'Irlande. Une concession, si elle est confirmée, à laquelle s'était toujours opposée l'ex-Première ministre Theresa May. «L'Irlande du Nord se situerait de jure sur le territoire douanier du Royaume-Uni mais de facto sur celui de l'Union européenne», selon une source diplomatique citée par le quotidien The Guardian.
Reste maintenant à finaliser concrètement un texte que la Commission attend de pied ferme. Car, comme souvent dans la saga du Brexit, le diable est dans les détails. «Si on veut un accord pour le sommet, il faut qu'un texte juridique soit finalisé [mardi soir] ou au plus tard [mercredi matin]» pour être présenté aux Etats membres et au Parlement, a expliqué Barnier après sa rencontre avec les ministres des Affaires européennes réunis à Luxembourg.
Le négociateur européen souhaitait conclure un accord pour pouvoir le faire entériner lors du sommet européen. Le président Emmanuel Macron a également insisté en ce sens lors de son échange téléphonique avec Boris Johnson mardi matin, le sommet de Bruxelles ne pouvant être une nouvelle étape de négociation technique. «Si l'accord ne peut être conclu aujourd'hui ou demain, avant le sommet, les dirigeants européens devront alors décider du type de mandat qu'ils veulent donner à Michel Barnier», a indiqué, mardi, le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, à Luxembourg. Un sommet supplémentaire d'ici au 31 octobre pourrait ainsi se tenir pour poursuivre les négociations. Une autre tâche ardue, non exempte de coups fourrés de dernière minute, attend le chef du gouvernement britannique : Boris Johnson va devoir vite convaincre le Parlement du bien-fondé de son accord. A trois reprises les députés ont rejeté un accord de sortie de l'UE. Boris Johnson a maintes fois répété qu'il souhaitait absolument respecter la date du divorce, fixée au 31 octobre.