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Libération

Le Joker, nouvelle figure de la contestation urbaine à travers le monde ?

publié le 25 octobre 2019 à 19h46

Vraiment partout, le Joker : c'est l'impression donnée par plusieurs photos, postées ces derniers jours sur les réseaux sociaux, où l'on voit des gens maquillés ou déguisés en Joker lors de manifestations se tenant actuellement au Liban, au Chili ou à Hongkong. Ces multiples apparitions ont lieu au moment où, au cinéma, est projeté le film Joker, dans lequel Joaquin Phoenix incarne un clown psychopathe et meurtrier, qui entraîne, dans sa folie, des milliers de personnes. Qu'en est-il de la réalité ? Si quelques Joker ont bien été aperçus, à Beyrouth, à Hongkong ou à Santiago du Chili, le phénomène, bien que très photogénique, semble pour l'heure marginal. Au Liban, par exemple, on pouvait compter les Joker sur les doigts d'une main, à en croire le photographe de Libé Stéphane Lagoutte, présent sur place. Egalement contactée, Patricia Khoder, journaliste du quotidien libanais l'Orient-le jour, assure n'avoir vu que trois ou quatre jeunes femmes maquillées en Joker. Même chose à Hongkong, dans plusieurs villes du Chili ou même à Barcelone. Dans tous ces lieux de contestation urbaine, les Joker sont pour l'heure une minorité. Le masque le plus représenté dans ces manifestations n'est d'ailleurs pas celui de l'ennemi préféré de Batman, mais celui de V for Vendetta, une autre bande dessinée, qui raconte le combat d'un anarchiste masqué face à un gouvernement fasciste, dans un Londres dystopique. Pour la révolution cachée derrière des masques du Joker, il faudra donc attendre un peu.

Pour autant, le phénomène - celui de la reprise par les manifestants d'éléments de la culture populaire - n'est pas nouveau. Ainsi que le raconte Mathilde Larrère, historienne : «Comme les révolutions sont faites par les classes populaires, elles utilisent des éléments de leur culture. Ce sont des mouvements plus ou moins nouveaux, qui ne sont pas encadrés par un mouvement politique ancien, et qui développent donc leur propre culture interne. Sous la Révolution française, c'était la même chose avec les chansons populaires qu'on chantait le soir.»