Elles étaient partout : «Get ready for Brexit on October 31st !» Dans les abris de bus, sur les immenses panneaux publicitaires au-dessus des ponts, le long des immeubles, sur les réseaux sociaux, à la télévision. Depuis début septembre, la population britannique était inondée d'affiches l'intimant à «se tenir prête pour un Brexit le 31 octobre» et à prendre «les mesures adéquates» pour se préparer à la sortie de l'Union européenne. Quelque 100 millions de livres (116 millions d'euros), payées par le contribuable britannique, ont été dépensés pour cette campagne supposée prouver la détermination de Boris Johnson. Le Premier ministre avait promis une sortie de l'UE le 31 octobre, «quoi qu'il arrive», et prévenu qu'il préférerait «mourir dans un fossé» plutôt que de demander à l'UE une extension. Et puis, pschitt. Boris Johnson a «laissé tomber» le fossé, comme le titre le magazine satirique Private Eye dans un hors-série le 31 octobre pour «un historique non-événement». Il a demandé, et obtenu, une extension auprès des Etats membres de l'UE.
Ce jeudi 31 octobre, les Brexiters ne fêteront donc pas le jour de leur indépendance mais, comme tout le monde et plus banalement, Halloween. La campagne publicitaire a été suspendue.
Elles auraient dû être partout. Diffusées en masse – jusqu'à 10 millions avaient été prévues – pour célébrer un jour historique. Des milliers de pièces de 5 livres avaient déjà été frappées de la date du 31 octobre 2019, accompagnée des mots «Paix, prospérité et amitié avec toutes les nations» pour commémorer le Brexit. Et puis, pshitt. La production a été stoppée, les pièces déjà frappées seront «recyclées», fondues et même pas conservées comme pièces de collection. Déjà, une édition limitée de 10 000 pièces frappées de la date du 29 mars 2019, première date prévue pour le Brexit, était partie aux oubliettes après le premier report du Brexit.
Mais, a assuré le ministère des Finances, «une pièce commémorative sera bien produite pour marquer notre sortie de l'UE». Peut-être serait-il plus sage de ne pas y inscrire de date ? Peut-être une mention sur le siècle (le XXIe a priori…) suffirait-elle ?
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