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De l'Ethiopie vers l'Arabie, l'exode secret

Le documentaire d'Arte «Yémen : à marche forcée» retrace le parcours des Oromos qui fuient leur pays pour chercher un travail en Arabie Saoudite.
Extrait du documentaire «Yémen : à marche forcée». (Photo Olivier Jobard. Arte)
publié le 15 novembre 2019 à 19h19

Une longue file d'hommes et de femmes dans un désert de pierre. Des corps maigres, épuisés, portés par d'autres, le souffle court, sous un soleil impitoyable, rendu presque noir par la caméra de Charles Emptaz et Olivier Jobard. Les auteurs de Yémen : marche forcée ont filmé un exode méconnu et terrible. Celui des centaines de milliers d'Oromos d'Ethiopie, qui traversent Djibouti puis le détroit de Bab-el-Mandeb pour entrer au Yémen et tenter de passer en Arabie Saoudite. A pied. La plupart n'y arriveront jamais, arrêtés par une guerre civile dont ils ignorent tout, arnaqués par des passeurs, tués par la marche, la faim et le soleil impitoyable. Le court documentaire (25 minutes) produit par Arte montre tout cela avec la simplicité, l'évidence cruelle qui est celle de ce périple désespéré. «Il n'y a que deux options, soit on réussit soit on meurt», dit l'un d'eux.

Le film commence à la frontière djiboutienne, à Galafi, suit la route aride vers la côte, embarque dans un boutre clandestin, rôde avec des groupes de jeunes hommes autour des stations-service. Sans fioriture, avec souvent le bruit du vent comme seule bande-son. Dans la poussière, sur les cailloux ou sur l’asphalte brûlant, les Oromos avancent par étapes, chassés par les chiens, les trafiquants. La dernière image (et la première) est celle d’un blessé hagard dans un hôpital d’Aden – on lui a tiré dessus alors qu’il tentait de passer en Arabie Saoudite. Il veut désormais rentrer en Ethiopie. Un renoncement qui rend sa souffrance à la fois absurde et insupportable.

Yémen : à marche forcée, documentaire de Charles Emptaz et Olivier Jobard. Arte, 25 minutes. Disponible depuis le 12 novembre.