Après le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, c'est au tour de son rival Benny Gantz de capituler. Il a annoncé mercredi soir au président israélien son incapacité à former un gouvernement d'union, a indiqué son parti dans un communiqué. «Le chef du parti «Bleu-blanc» Benny Gantz a parlé avec le président Reuven Rivlin pour lui dire qu'il était incapable de former un gouvernement», a indiqué sa formation politique alors que mercredi soir était la date limite prévue par la loi pour qu'il tente de former un gouvernement.
«J'ai soulevé chaque pierre pour tenter de former un gouvernement d'union nationale», a déclaré Benny Gantz lors d'une conférence de presse avoir annoncé au président Reuven Rivlin être «incapable de former un gouvernement». Les élections législatives de septembre n'avaient pas réussi à départager clairement Benjamin Netanyahu, Premier ministre sortant, et Benny Gantz, qui n'avaient pas les appuis nécessaires, avec leurs alliés respectifs, pour revendiquer une majorité parlementaire.
Le président Reuven Rivlin avait d’abord mandaté Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 2009, pour former un gouvernement. Mais Netanyahu, à la tête d’un bloc de droite et religieux comptant 54 députés, n’est pas parvenu à rallier suffisamment de voix pour atteindre le seuil de majorité au Parlement (61). Le président s’est donc tourné vers Benny Gantz, confronté à une mission que certains jugeaient impossible, pour éviter une troisième élection en moins d’un an.
«Je me suis heurté à un mur»
«Je me suis heurté à un mur composé des perdants (des élections) qui ont tout fait pour empêcher les citoyens israéliens de bénéficier d'un gouvernement sous ma direction», a-t-il déclaré. «Netanyahu a privilégié ses intérêts personnels […] et doit se rappeler que nous sommes encore en démocratie et que la majorité du peuple a voté pour une politique différente de la sienne.»
«Le peuple ne peut pas être otage d'une minorité extrémiste», a fait valoir l'ex-militaire qui cherchait à former un gouvernement d'union «libéral». Devant l'impasse, le président Rivlin peut désormais donner trois semaines aux députés de la Knesset, le Parlement israélien, pour lui proposer des noms d'élus susceptibles de réussir là où les deux grands chefs de parti ont échoué. Si, au terme de cet éventuel nouveau délai, aucune personnalité politique ne parvient à s'imposer à la tête du gouvernement, Israël retournera aux urnes… pour une troisième fois en moins d'un an.
«Sac de nœuds»
Un scénario à l'italienne, en référence à ce pays habitué aux élections à répétition, ironisent déjà des commentateurs et des Israéliens, embêtés par ce «sac de nœuds» politiques. Interrogé sur cette saga sans fin, le Premier ministre Netanyahu avait répondu mercredi d'une boutade: «J'ai commencé à apprendre l'italien pour comprendre comment les autres pays gèrent leur sac de nœuds».
Là, une autre inconnue pourrait également s'inviter dans les tractations : une décision de justice attendue début décembre sur une éventuelle inculpation de Benjamin Netanyahu pour «corruption», «malversation» ou «abus de confiance» dans différentes affaires. Une inculpation pourrait minimiser les chances de Netanyahu, le plus pérenne des Premiers ministres de l'histoire israélienne, de rallier les appuis de députés de la Knesset. Mais une exonération pourrait convaincre des élus encore réticents à le joindre dans une coalition.