La capitale colombienne Bogota a retrouvé son rythme normal ce samedi matin, à l'issue du couvre-feu décrété la veille par la mairie, suite aux violences ayant suivi des manifestations massives contre le président Ivan Duque. Certaines rues et avenues étaient encore jonchées des restes de feu allumés par des manifestants, de déchets et du verre brisé des vitres de stations d'autobus endommagées, selon le maire Enrique Peñalosa, par «une minorité de délinquants».
Dans la nuit de vendredi à samedi, le ministre de la Défense, Carlos Holmes Trujillo, avait annoncé que «les actes de vandalisme» étaient contrôlés et que le couvre-feu était respecté à 90% dans cette ville qui n'avait pas connu une telle mesure depuis des manifestations en 1977.
Concert de casseroles
Auparavant, des centaines de personnes avaient défié l’interdiction de circuler en se rassemblant dans divers quartiers pour des «cacerolazos» − concert de casseroles − notamment devant le domicile du président Duque, où les manifestants ont chanté l’hymne national avant de se disperser dans le calme au bout d’une heure.
Plus tôt dans la soirée, le président de droite avait annoncé le lancement, la semaine prochaine, d'une «conversation nationale, qui renforcera l'actuel agenda de politique sociale, en travaillant ainsi de manière unie avec une vision à moyen et long terme, qui nous permettra de combler les écarts sociaux».
Duque a ainsi fait un premier pas envers les organisations ayant appelé à la plus grande mobilisation sociale de ces dernières années contre le gouvernement. Il a ajouté avoir «décidé de renforcer la présence de la force publique» et ordonné «le déploiement de patrouilles mixtes de la police et de l'armée de terre dans les lieux les plus critiques».
Ivan Duque, 43 ans, au pouvoir depuis août 2018, pâtit d’un taux d’impopularité de 69% selon les sondages. Outre une politique de sécurité focalisée sur le narcotrafic, les manifestants dénonçaient des velléités de flexibiliser le marché du travail, d’affaiblir le fonds public des retraites en faveur d’entités privées, et de reculer l’âge de la retraite.
Certains réclamaient aussi des moyens pour l’enseignement public, la protection des indigènes et défenseurs des droits, ainsi que le respect de l’accord de paix signé en 2016 avec l’ex-guérilla Farc, que Duque juge trop laxiste.