Lors de son passage au gouvernement estonien (2016-2019) en tant que ministre de l'Economie, chargée de la conduite de la politique énergétique, Kadri Simson a tout misé sur le pétrole de schiste et le charbon. L'Estonie en est riche, ce qui lui a permis d'atteindre l'indépendance énergétique, en devenant au passage le deuxième émetteur de CO2 par habitant de l'Union, et l'un des Etats dont les émissions augmentent le plus.
Désormais commissaire à l'Energie, Kadri Simson, 42 ans, sera-t-elle en mesure de changer de paradigme pour favoriser le développement des énergies renouvelables, comme l'y enjoint sa lettre de mission ? Lors de son audition par le Parlement européen, elle a fait preuve de bonne volonté. Se conformant aux ambitions d'Ursula von der Leyen, la membre du Parti du centre (qui siège au sein du goupe Renew au Parlement européen) a soutenu l'objectif de neutralité carbone en 2050, et promis de revoir à la hausse les ambitions de réduction des émissions d'ici 2030. Mais Simson a aussi défendu le droit de chaque Etat membre à décider de son bouquet énergétique, laissant la porte ouverte notamment au développement du gaz. «Son audition était décevante. Elle n'a pas donné de détails sur le Fonds de transition juste, qui doit notamment aider les régions dépendantes du charbon à sortir des énergies fossiles, ni sur la manière dont les Etats membres devraient augmenter leurs objectifs concernant les renouvelables et l'efficacité énergétique», estime Clémence Hutin, des Amis de la Terre Europe.