«Les joyaux de Dresde étaient la Mona Lisa des bijoux», se désole le Süddeutsche Zeitung, qui a consacré sa une de mercredi à ce cambriolage qui touche la Saxe «au plus profond de son âme». Pour beaucoup d'Allemands, le spectaculaire vol de joyaux survenu lundi à l'aube au musée de la Voûte verte, à Dresde, est plus qu'un vol. Comme l'a déploré la direction de l'établissement lundi, c'est la perte d'un trésor d'une valeur «inestimable».
Lundi, peu avant 5 heures du matin, dans un scénario à la Ocean's Eleven, des cambrioleurs sont parvenus à s'introduire dans la Voûte verte pour y dérober des bijoux issus de la collection de l'ancien souverain saxon Frédéric-Auguste le Fort, prince-électeur de Saxe et roi de Pologne au XVIIIe siècle.
Une vidéo diffusée par la police montre des malfaiteurs pénétrer dans une salle du musée munis de lampes de poche. L’un des deux brise à coups de hache une vitrine. Ils s’emparent d’une dizaine de pièces et s’enfuient.
«Plus d'objets ont été épargnés que nous le pensions. C'est une bonne chose qu'il ait fait nuit, car beaucoup d'œuvres n'ont pas été remarquées», a indiqué la directrice des collections nationales de Dresde, Marion Ackermann. «Nous sommes apparemment face à une action déterminée et bien préparée», a déclaré à la presse Olaf Richter, chef de la commission d'enquête spéciale. C'est aussi l'avis de l'assureur en objets d'art Stephan Zielkens : « Selon moi, ce vol a été commis par des équipes bien organisées. La police parle désormais de quatre personnes, mais je pense qu'il s'agit d'une organisation beaucoup plus importante.» Jeudi soir, une récompense de 500 000 euros pour tout indice a été annoncée.
Ce pillage pouvait-il être évité ? Dans le sillage du cambriolage, la secrétaire fédérale à la Culture, Monika Grütters, a promis une conférence spéciale sur la sécurité des musées. Mais pour l'assureur Stephan Zielkens, c'est un peu tard. «Il est démagogique de faire de telles promesses. […] Dans le cas de la Voûte verte, le dispositif de sécurité n'est pas adapté au XXIe siècle, mais plutôt au XXe siècle. Il n'y avait pas de système secondaire d'électricité par exemple.» Un incendie a en effet détruit un transformateur électrique situé à proximité du musée, désactivant les alarmes du musée. Pour l'assureur, cette affaire présente des similitudes avec un autre spectaculaire cambriolage : celui, en 2017, d'une pièce d'or de 100 kilos, d'une valeur d'environ 3,75 millions d'euros, dérobée en seize minutes seulement au Bode-Museum de Berlin. Les malfaiteurs s'étaient aidés d'une simple brouette afin de subtiliser cette pièce à l'effigie d'Elisabeth II de la taille d'un pneu de voiture. On ne l'a jamais retrouvée, on suppose qu'elle a été fondue. Le même genre de traitements pourrait arriver aux diamants de Dresde, selon la gemmologue Beate Kalisch, interrogée par le Süddeutsche Zeitung : «Les pierres peuvent être sorties de leur cadre et retaillées, de sorte à ce que leur origine ne soit pas identifiable.»