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Libération

La mime icône des violences policières au Chili a-t-elle été assassinée ?

publié le 29 novembre 2019 à 19h56

Un faux symbole ? Le 20 octobre, Daniela Carrasco, 36 ans, connue aussi comme «la Mimo» («la mime» en français), est retrouvée morte, pendue à une grille, à Santiago au Chili. Très rapidement, sur les réseaux sociaux, sa mort est attribuée aux forces de l'ordre chiliennes par des collectifs militants. «Elle a été vue en vie la dernière fois au moment où des carabiniers étaient en train de l'emmener. Elle est réapparue pendue, avec des marques montrant qu'elle avait été violée et torturée. Ils l'ont pendue à une grille dans un parc. La Mimo, une autre victime de ce régime assassin», pouvait-on lire sur une page Facebook où apparaissait une femme elle-même déguisée en mime. Cette version des faits est devenue virale. Au Chili et à l'étranger, Carrasco est désormais le symbole des victimes de la répression policière mais aussi des violences faites aux femmes. Des hommages à l'artiste de rue se sont multipliés dans les manifestations féministes en Turquie, en Italie et à Paris, lors de la marche organisée samedi dernier par #NousToutes. De nombreux médias ont relayé la version d'un assassinat policier.

Mais un mois après la découverte du corps de la Mimo, Abofem, un collectif féministe d'avocates, a dénoncé sur les réseaux les «fausses informations» qui ont circulé sur l'affaire. «Dès que la nouvelle est parvenue aux oreilles d'Abofem, nos membres ont pris contact avec la famille», relate le collectif. Or «les éléments que nous avons indiquent qu'elle aurait laissé une lettre expliquant les raisons d'un suicide éventuel et qu'aucun signe évident ou manifeste de torture ou d'agression sexuelle n'a été trouvé». Le collectif tient cependant à rappeler que ces premiers constats peuvent évoluer avec l'arrivée de nouveaux résultats d'examens, l'enquête étant toujours en cours. Par ailleurs, dans une interview avec le média de gauche turc Evrensel, la responsable de la communication d'Abofem, Daniela Watson Ferrer, explique que la mime, qui était avec sa famille la veille de la découverte du corps, n'avait pas été arrêtée par la police (comme cela avait été affirmé ailleurs). Contacté par CheckNews, le parquet de la région Métropole Sud indique aussi que, «selon les éléments remis par le service médico-légal, cette affaire est répertoriée comme un suicide, sans intervention d'une tierce personne».