Aucune autre commune du Mali n'a payé un tribut si lourd à la guerre. Kati est pourtant situé à seulement 15 kilomètres de Bamako, sur les hauteurs de la capitale. Mais depuis l'indépendance du pays, la vieille ville-garnison est le creuset de l'armée nationale : «Quand une attaque se produit, dans le nord ou dans le centre, toute la ville est inquiète, s'agite, demande des nouvelles. Il y a toujours un Katois parmi les victimes, raconte Mamoudou Ongoiba, 59 ans. Et malgré tout, en période de recrutement, les volontaires sont là par milliers, la route est coupée tellement il y a de monde dans la file.»
Lui-même a perdu un frère cadet, le 25 janvier 2017. Son véhicule, en tête du convoi, a sauté sur une mine artisanale, à 1 000 kilomètres de là, sur la route qui relie Gao à Douentza. Il était assis à côté du chauffeur. Kaama Ongoiba, 26 ans, numéro de matricule 48 861, «deuxième canonnier servant tireur, de la 363e batterie d'artillerie» est mort «les armes à la main», dit la lettre de condoléances officielle cartonnée, sortie avec précaution d'une pochette en plastique. «Il était… comment ont-ils appelé ça, déjà ? Ah oui, éclaireur ! se souvient l'aîné, qui reçoit les visiteurs à l'ombre de son manguier. C'était une fierté pour nous qu'il s'engage : il était le seul porteur d'uniforme de la famille, et même de tout le village. Il ne quittait jamais sa tenue.»
Depuis le déclenchement de la guerre dans le nord du p