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Libération

Au Pakistan, l’ex-président Musharraf condamné à mort par contumace

publié le 17 décembre 2019 à 20h26

La nouvelle a résonné mardi dans toutes les radios à Islamabad, la capitale du Pakistan : Pervez Musharraf a été condamné à mort pour haute trahison. Heureusement pour lui, la sentence ne sera pas appliquée de sitôt : l'ancien général de 76 ans est hospitalisé à Dubaï pour des «complications cardiovasculaires», selon son parti, la Ligue musulmane de tout le Pakistan.

Cette condamnation à mort a pour cause «la décision qu'il a prise le 3 novembre 2007», a fait savoir son avocat, Akhtar Shah. Ce jour-là, Pervez Musharraf avait déclaré l'état d'urgence dans le pays et suspendu la Constitution, invoquant «la défense de l'unité nationale face au terrorisme islamiste». Au moment où la Cour suprême devait se prononcer sur la légalité de sa réélection, un mois plus tôt. Musharraf, qui concentrait les pouvoirs de président et de chef de l'armée dans un climat de relatif apaisement depuis le coup d'Etat de 1999, voyait alors son pouvoir de plus en plus contesté. Quelques semaines plus tard, l'épisode dictatorial était terminé, mais cette mesure très impopulaire causera sa chute en 2008. A deux semaines des législatives, sa rivale Benazir Bhutto, cheffe du Parti populaire pakistanais (PPP), était assassinée lors d'un attentat-suicide.

Depuis 2014, Musharraf, qui a vite quitté le pays, alternant des retraites entre Londres et Dubaï, est poursuivi à la fois pour haute trahison et pour cet assassinat.

Selon Aqil Shah, de l'Université de l'Oklahoma, «le choix de condamner un ancien militaire dans un pays encore dirigé par son armée envoie un message très fort de volonté démocratique de la part des autres institutions.» Il a surtout une «valeur symbolique» «puisqu'il y a peu de chances que Musharraf revienne au Pakistan.»