Menu
Libération

«Je m’adresse directement à vous, monsieur Muscat : chaque jour où vous restez au pouvoir est une honte pour la démocratie.»

Esteban Gonzalez Pons du groupe PPE (droite), au Parlement européen de Strasbourg mardi, à l’attention du Premier ministre de Malte
publié le 17 décembre 2019 à 20h26

Les eurodéputés ont consacré trois heures mardi aux soubresauts politiques maltais provoqués par la mort, en 2017, de la journaliste Daphne Caruana Galizia, qui enquêtait sur la corruption dans son pays. Lundi déjà, le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, avait écrit à La Valette pour demander une réforme rapide de la justice, trop dépendante du gouvernement. Et le Parlement doit voter ce mercredi une résolution demandant à la Commission «d'user de tous les outils et procédures à sa disposition» pour le respect de l'Etat de droit sur l'île. Une longue liste d'eurodéputés réclame le départ immédiat du Premier ministre, Joseph Muscat, accusé d'être intervenu pour protéger son chef de cabinet, Keith Schembri, et qui a annoncé qu'il démissionnerait le 12 janvier. La plupart sont issus du Parti populaire européen (PPE), auquel appartient le Parti nationaliste maltais, rival de la formation travailliste du Premier ministre, mais des libéraux et des écologistes se sont aussi joints à leur appel. Parmi eux, l'Allemand Sven Giegold, qui s'est récemment rendu en mission à Malte. Il appelle à déclencher l'article 7 du traité sur l'UE. Déjà enclenché contre la Hongrie et la Pologne, il prévoit à terme l'exclusion de l'UE en raison de menaces sur l'Etat de droit.

Dans le même temps, à Malte, Keith Schembri, l’ancien chef de cabinet poussé à la démission fin novembre, devait comparaître mardi comme témoin lors d’une audience demandée par Yorgen Fenech, suspecté d’être le commanditaire de l’assassinat. Mais il n’a pas daigné se présenter au tribunal. En son absence, Yorgen Fenech a témoigné contre Schembri, qu’il accuse d’avoir organisé le meurtre de la journaliste, mais aussi contre l’enquêteur en chef, Keith Arnaud, suspecté d’avoir transmis d’informations sensibles au chef de cabinet. Arnaud a, quant à lui, nié toute proximité avec Schembri.