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Libération
Reportage

Avec la marine française en mer d'Arabie : «Il y a 2 tonnes de schnouf qui flottent à 50 m !»

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Envoyée quatre mois dans la zone pour protéger des navires, la frégate «Courbet» lutte aussi contre le trafic de drogue. Vendredi, sa filature l’a menée à une saisie record de cannabis. «Libération» était à bord.
(Illustration Sandrine Martin)
publié le 18 décembre 2019 à 20h16

Cette tortue ne se doute de rien, elle descend juste l'océan Indien. A une centaine de kilomètres des côtes pakistanaises, non loin de la frontière avec l'Iran, elle croise 3 000 tonnes d'acier gris battant pavillon français. Il est 8 h 25 ce vendredi 13 décembre. «Une tortue !» s'exclame un pilote d'hélicoptère en l'apercevant. Il avait décollé au lever du jour pour survoler un bateau de pêche soupçonné de trafiquer de la drogue, dernière phase d'une traque de plus de trente-six heures menée dans les eaux internationales par le Courbet. Envoyée quatre mois dans la région pour veiller à la sécurité dans le détroit d'Ormuz, devenu depuis quelques mois la chambre d'écho des tensions entre l'Iran, les Etats-Unis et ses alliés (Royaume-Uni, Arabie Saoudite), la frégate française participe à la lutte contre le narcotrafic, très important dans cette zone reliant, par la mer, les régions de production (Afghanistan et Pakistan) à la péninsule Arabique et l'est de l'Afrique, lieux de transit ou de consommation. Quelque 22 tonnes ont été saisies dans les premiers mois de l'année, essentiellement de l'héroïne à destination du Kenya, de la Tanzanie et du Mozambique, et du cannabis vers le Yémen, via l'«autoroute du haschich».

Dans l'aube fuchsia de ce vendredi, le Courbet lance son opération. Outre l'hélicoptère, une petite embarcation rapide, pilotée par trois membres des forces spéciales du commando Ponchardier, fond sur le bateau de pêche suspect. Il mettra