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Quatre ans après le crash d’un Airbus en Egypte, les touristes russes se font attendre

Les autorités russes font valoir que la situation dans le Sinaï est trop incertaine pour autoriser le retour des vacanciers dans la région.
Des touristes russes arborant des t-shirt à l'effigie du président Vladimir Putin, à l'embarquement de l'aéroport de Charm el-Cheikh en novembre 2015. (MOHAMED EL-SHAHED/Photo Mohamed El-Shahed. AFP)
publié le 18 décembre 2019 à 6h03

Les touristes russes reviendront-ils à Charm el-Cheikh pour les fêtes de fin d'année ? Les Egyptiens continuent de l'espérer. Leur pays était la destination la plus prisée ces vacanciers pendant la saison hivernale jusqu'en 2015, avant le crash de l'Airbus A321 le 31 octobre 2015 au Sinaï.

L'appareil de la compagnie aérienne Metrojet avait décollé de la station balnéaire de Charm el-Cheikh vers Saint-Pétersbourg, en Russie puis s'était écrasé dans le désert. A bord, 217 passagers – dont 17 enfants – et 7 membres d'équipage, quasiment tous de nationalité russe. Aucun n'a survécu au crash dont les causes n'ont toujours pas été officiellement établies, alors que l'Etat islamique avait revendiqué l'attentat.

Le drame avait eu des conséquences désastreuses pour le tourisme en Egypte réduisant d'environ 45 % le nombre de visiteurs étrangers au premier trimestre 2016, selon l'agence locale Capmas. Or, les Russes étaient les premiers clients des stations balnéaires de la mer Rouge - Charm el-Cheikh, Hurghada, ou encore Safaga.

«Si les entreprises touristiques russes ne souffrent pas de l'arrêt des voyages en Egypte en pleine saison estivale, nous n'avons pas trouvé d'alternative en hiver. Les citoyens russes qui se rendaient en Egypte à l'automne et en hiver restent pour le moment en Russie», selon les propos rapportés par Al-Araby Al-Jadeed, un média panarabe financé par le Qatar et basé à Londres, citant une source travaillant pour les agences touristiques russes.

A picture taken on February 10, 2017, shows a tourist sitting in a boat off the Egyptian Red Sea resort of Sharm el-Sheikh. - Tourists are slowly returning to Egypt, easing pressure on a key sector battered by years of turmoil and the 2015 bombing of a plane carrying Russian holidaymakers. (Photo by MOHAMED EL-SHAHED / AFP)

Une touriste pendant une croisière sur la Mer rouge, près des rivages de Charm El-Cheikh, en février 2017. Photo Mohamed El-Shahed. AFP

Partenaire clé

Aujourd'hui, quatre ans après la catastrophe aérienne, ce tourisme aspire à reprendre même si certains hommes politiques temporisent côté russe. Lors du sommet «Russie-Afrique», présidé par le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue égyptien, Abdel Fatah Al-Sissi, dans la station balnéaire de Sotchi en octobre, il a été convenu que les vols charters reprennent rapidement. Les deux pays ont repris, par ailleurs, les négociations sur la fourniture à l'Egypte de douze avions «Soukhoï Superjet-100».

Pour la Russie, qui réclame des garanties de la stabilité du Sinaï, toujours en proie aux conflits, il est manifestement difficile de continuer à priver son partenaire clé en Afrique de ses touristes. L'expert du Conseil russe des affaires internationales, Sergueï Palmasov, relativise cette tendance au retour sur les sites touristiques égyptiens durant la saison touristique actuelle qui a débuté en octobre pour s'achever en juin. L'Egypte n'est pas encore au menu des programmes touristiques de l'année en cours.

«Miracle»

Tous les avions destinés aux voyages touristiques en Russie ont été redirigés vers d'autres destinations jusqu'à la fin du mois de mars 2020, selon la même source citée par Al-Araby Al-Jadeed : «Personne n'espère reprendre les vols cette saison, même si un miracle s'est produit avec la levée de l'interdiction de l'Egypte.» Fin octobre, le gouvernement britannique a de nouveau autorisé des vols directs à destination de Charm el-Cheikh (dans l'est de l'Egypte). Londres avait ordonné une suspension des vols après l'attentat contre l'avion russe en 2015.

Un rapport récent de l'Agence européenne de la sécurité aérienne a récemment souligné la dangerosité du survol du Sinaï à basse altitude. Le coup de grâce pour ceux qui misaient sur un retour imminent de l'afflux de touristes russes en Egypte.