«La police dit que c’est une fournaise, mais prenez des fringues chaudes», avait conseillé Eyal Hareuveni, activiste israélien aux lunettes rondes. Six autres volontaires, de l’étudiant étranger au routard grisonnant du camp de la paix, sont réunis un soir glacial de décembre dans les hauteurs de Jérusalem-Est, sur le parking d’une station-service. Celle où se ravitaillent au même moment les policiers lourdement armés qu’ils entendent épier, à l’occasion d’une maraude un peu particulière.
Les pompes à essence marquent la frontière entre la colonie juive de «French Hill» et le village palestinien d'Issawiya. Occupé depuis 1967 puis rattaché à la municipalité de Jérusalem lors de l'annexion de la zone par Israël en 1980, ce quartier déshérité de 20 000 habitants est depuis le début de l'été le théâtre d'affrontements quasi quotidiens entre les jeunes du coin et la police. Pierres et pétards contre lacrymogènes et lanceurs de balles de défense. Ces six derniers mois, environ 600 résidents, la plupart âgés de 10 à 18 ans, ont été arrêtés au cours de ces descentes nocturnes émaillées de violences, avant d'être pour la plupart relâchés. Issawiya a toujours été considéré comme l'un des villages palestiniens les plus «nationalistes» de Jérusalem, se soulevant à intervalles réguliers. «Il semblerait qu'Issawiya soit puni pour sa réputation politique, estime Youssef Jabarin, député arabe à la Knesset. Comme s'il fallait