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Libération
Éditorial

Symbole

publié le 22 décembre 2019 à 19h41

Notre avenir serait-il australien ? Le sort qui frappe l'île-continent préfigure-t-il le destin commun ? On cherche souvent les traces tangibles de la crise climatique dans le rétrécissement des glaces du Grand Nord. Et si elles étaient encore plus visibles à l'extrême sud des terres habitables ? Les incendies incontrôlables qui ravagent une partie de l'Australie pourraient bien devenir le symbole le plus spectaculaire de la menace qui pèse sur la planète. Les pompiers s'avouent impuissants, Sydney vit dans la fumée, les habitants du bush sont chassés par les flammes, le désastre dure depuis trois mois et ne cesse de s'amplifier, alors que l'été ne fait que commencer, que les températures frisent les 50 degrés et qu'on n'attend pas le retour de la pluie avant deux mois. «La maison brûle», disait Jacques Chirac dans une célèbre adresse. Ce n'est plus une métaphore. C'est une cataclysmique réalité. L'Australie est le miroir grossissant d'un avenir écologique, mais aussi politique. Comme au Brésil, comme aux Etats-Unis, comme en Russie, le gouvernement australien est dirigé par un homme qui affecte au mieux de l'indifférence à l'égard du danger climatique, au pire un pur et simple négationnisme. L'Australie compte trois fois moins d'habitants que la France et émet pourtant nettement plus de gaz à effets de serre. Elle tire son énergie du charbon pour l'essentiel et son gouvernement n'a pas l'intention de modifier fondamentalement cet état de choses. Par habitant, elle se situe au deuxième rang mondial des émissions et, comme par l'effet d'une justice immanente et implacable, elle en est l'une des principales victimes. Ce qui conduit à une conclusion inquiétante : la crise climatique est d'abord une crise de la conscience collective. C'est au premier chef l'aveuglement arrogant de la droite climatosceptique qui met en danger l'humanité.