Le bobby en faction devant la fameuse porte noire vernie nous a toisé d'un air condescendant. «On ne l'a pas vu ce matin, il n'aime pas ce genre de temps.» On l'a remercié poliment, en se retenant de lui faire remarquer qu'en décembre et à Londres, il fait rarement sec et chaud. Trois heures qu'on patientait avec le photographe dans un froid de gueux et sous une bruine très humide devant le 10, Downing Street. Avant, on avait passé au moins trois autres heures à batailler avec le service de presse de la résidence officielle du Premier ministre britannique pour obtenir le droit de se planter pour guetter Larry, ses yeux verts et ses moustaches.
Impossible de poser le félin devant la porte. Larry, premier chat de l'histoire à porter le titre ronflant de «souricier en chef du cabinet» (the Chief Mouser), fait «ce qu'il veut, quand il veut», nous avait expliqué sans ciller un porte-parole. Il y a des chats à Downing Street depuis au moins 1929, mais avec un titre de fonctionnaire aussi ronflant, c'est nouveau. Ni Wilberforce, qui officiait sous Edward Heath et Margaret Thatcher, ni Humphrey sous John Major, Tony Blair et Gordon Brown n'ont jamais bénéficié d'un tel traitement officiel.
On a essayé d’amadouer le policier en lui expliquant qu’avec Larry, nous étions de vieilles connaissances. Qu’il nous avait filé entr