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Libération
Reportage

Chrétiens de Syrie : «Nous avions cru que nous pourrions enfin célébrer Noël»

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Contrainte à l’exil depuis près de neuf ans, la minorité religieuse est tiraillée entre les forces en présence dans le nord-est du pays, notamment les Kurdes et le régime syrien. Sur place, les villages se vident et peu d’églises sont encore en activité.
Lors d’une messe, à Qamishli dimanche. (Photo Delil Souleiman)
par Wilson Fache, envoyé spécial dans le nord-est de la Syrie
publié le 25 décembre 2019 à 18h41

Kalachnikov en bandoulière, Ninos Akhtiar, 21 ans, saute à l’arrière d’un pick-up Toyota avec trois autres combattants d’une milice chrétienne assyrienne. Le véhicule file à travers la bourgade de Tall Tamer, dans le nord-est de la Syrie, baignée sous une douce lumière orangée. A l’approche du crépuscule, l’endroit est bucolique, mais les apparences sont trompeuses. Les champs sont devenus un no man’s land et la rivière Khabour, une ligne de front. «Là-bas, c’est les Russes. Ça, c’est les positons du régime syrien. Ici, les Unités de protection du peuple [YPG, les forces kurdes ndlr], les Américains ont aussi patrouillé il y a deux jours. Et en face, ce sont les groupes soutenus par la Turquie», enchaîne-t-il en montrant du doigt différents villages où sont plantés les drapeaux des nouveaux maîtres de la région. Un sourire malicieux se dessine sur son visage juvénile : «C’est la Coupe du monde avant l’heure !»

Sa peau arbore autant de tatouages que d'années passées sur le front. Une grenade sur la main droite, une rose sur la gauche, une croix dans le cou… Ninos a 15 ans lorsqu'il prend les armes pour la première fois et rejoint un groupe d'autodéfense rattaché aux forces kurdes. Dans la vallée chrétienne du Khabour - sa «patrie» -, un long combat s'engage alors contre les jihadistes du groupe Etat islamique. Le «califat» autoproclamé est finalement chassé de la région et finit par s'effondrer en mars avec la reprise d'Al-B