L’histoire retiendra qu’un cadre a déclenché une révolution. L’absurde présentation de la photo du président Bouteflika pour annoncer sa candidature à un cinquième mandat, au cours d’une cérémonie compassée, a été l’humiliation de trop. Cette fois, le pouvoir a commis l’irréparable, en touchant à la fierté des Algériens. Le 22 février, le miracle se produit : des centaines de milliers de personnes défilent dans les rues de tout le pays, envoyant valser pacifiquement des années de résignation. Le Hirak est né. Depuis, le torrent humain ne s’arrête plus de couler, chaque mardi (pour les étudiants) et chaque vendredi (pour tout le monde), emportant tout sur son passage : Bouteflika lui-même, poussé à la démission le 2 avril, l’élection (deux fois reportée) et de nombreux piliers du «système», jetés en prison. Mais l’institution militaire, qui a repris les rênes du pays, entend rester maîtresse de la transition. Elle a réussi à imposer un scrutin présidentiel le 12 décembre, malgré son rejet massif par la rue. Entre l’état-major et le Hirak, la troisième manche se jouera en 2020.
22 février : en Algérie, Bouteflika s’en va, hip hip hip Hirak
A Alger le 12 décembre, lors d’une manifestation contre la présidentielle. (Photo Abdo Shanan.Collectif 220)
par Célian Macé
publié le 27 décembre 2019 à 17h06
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