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Libération

Manifestations au Maroc contre l’arrestation d’un journaliste

publié le 29 décembre 2019 à 20h36

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi à Rabat pour dénoncer l'arrestation du journaliste et militant marocain Omar Radi, placé en détention quelques mois après avoir critiqué le pouvoir en place sur les réseaux sociaux. «Nous ne lâcherons pas», «justice aux ordres», «cet Etat est corrompu», ont scandé les manifestants devant le Parlement. L'homme de 33 ans a été placé en détention jeudi, en vertu de l'article 263 du code pénal qui punit d'un mois à un an de prison «l'outrage à magistrat». Le nom d'Omar Radi s'ajoute à la longue liste des journalistes poursuivis dans le royaume. C'est un tweet, dénonçant en creux les lourdes peines allant jusqu'à vingt ans de prison infligées à des militants du Hirak, un mouvement de contestation sociale implanté dans le nord du Maroc en 2016 et 2017, qui lui a valu une convocation à la police.

Omar Radi, qui se revendique comme journaliste d'investigation et activiste du Mouvement du 20 février, déclinaison du printemps arabe de 2011 au Maroc, a notamment cofondé la version francophone de Lakome, un site d'informations indépendant, lancé en 2010 et interdit en 2013. «Faire du journalisme au Maroc, c'est du militantisme en soi, expliquait-il lors d'un entretien en 2014. Accéder à l'information, dans un premier temps, et à la publication, dans un second temps, c'est un combat quotidien.»

Omar Radi a notamment collaboré avec plusieurs médias marocains et internationaux et publié des enquêtes sur l'économie de rente ou les collusions entre pouvoir et argent. En 2016, il a révélé une affaire d'acquisition de terrains de l'Etat à des prix dérisoires notamment par des conseillers du roi et des ministres. Plus récemment, il a couvert les nombreux mouvements de contestation ayant agité des régions marginalisées du royaume. L'ONG Human Rights Watch a exhorté samedi les autorités marocaines à «libérer immédiatement» ce «journaliste d'investigation primé». L'Association marocaine des droits humains a pour sa part fustigé une «campagne féroce de l'Etat contre la liberté d'opinion et d'expression» dans le pays, qui figure à la 135e place du dernier classement sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières.