James Ghosn ou Carlos Bond ? Etui de contrebasse ou coffre à double fond dans la Renault 11 TSE Electronic de Roger Moore dans Dangereusement vôtre, rachetée à prix d'or par l'ex-PDG de la firme au losange pour sa collection personnelle ? Passeport falsifié qui s'est autodétruit dans le mini-salon du jet qui l'emmenait loin de Tokyo ou complicité d'un espion turc qui l'aimait ? Avouons-le : les bons baisers du Liban envoyés à la justice nippone par Carlos Ghosn fascinent tant le scénario relève d'une fiction à faire saliver EON productions (James Bond toujours). A moins que Netflix soit déjà sur le coup. La vraie histoire de cette échappée belle abracadabrantesque reste à écrire. Carlos Ghosn assure l'avoir organisée seul. Le doute est permis.
Il y a fort à parier qu'il ne lèvera pas le voile sur les détails de cette opération évasion la semaine prochaine lors de la conférence de presse qu'il promet de tenir. Il préférera sans doute s'en tenir à la dénonciation d'un système judiciaire japonais où «prévaut la présomption de culpabilité et où les droits de l'homme sont bafoués». Mais trêve de fiction sur les conditions de sa cavale et de spéculations sur les explications à venir de l'ex-PDG de l'alliance Renault-Nissan-Mistusbishi : rappelons à ce stade quelques faits. Carlos Ghosn est au Japon sous le coup de quatre chefs d'inculpation pour dissimulation de revenus (la pacotille de 75 millions d'euros) et de détournements de fonds de son entreprise à son bénéfice personnel. Si Ghosn a pu organiser son «départ» du Japon, comme il dit, c'est parce qu'il bénéficiait, contre l'avis du procureur tokyoïte, d'une liberté conditionnelle depuis avril. Il y a plus «inhumain». Dès lors, quel sens donner à son geste insensé, dénoncé par ses propres avocats ? Et à quoi le millionnaire désormais le plus célèbre de la planète a-t-il voulu échapper d'autre qu'à la vérité d'un procès ?