Le géographe Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS, estime que la mort du général Soleimani, l'un des seuls hommes capables de contrôler les milices pro-iraniennes en Syrie et en Irak, risque de déclencher des opérations de vengeance «incontrôlées et intempestives» de leur part.
Que représentait Qassem Soleimani pour la République islamique ?
Il était au cœur de la politique militaire extérieure de l’Iran depuis deux décennies. C’était quelqu’un d’extrêmement respecté, non pas un idéologue mais un général républicain, un homme de terrain jugé efficace. Il y avait un consensus national autour de sa personne, même les opposants au Guide suprême reconnaissaient dans Soleimani un militaire dur mais sérieux. Le gouvernement iranien avait mis sa figure en avant pour redorer le blason des Gardiens de la révolution. Sur la scène intérieure, les gardiens ont la réputation d’être une force de répression mais, d’un point de vue militaire, c’est une unité d’élite. Soleimani leur donnait un visage positif. Même s’il a participé d’une façon ou d’une autre, son image n’a pas été entachée par les différentes vagues de répression. C’était un personnage humble, modeste, pieux. Et un point d’équilibre pour le régime. Le président Rohani était proche de lui, le ministre Zarif [des Affaires étrangères, ndlr] aussi, sa popularité était immense. Pour le régime, il est irremplaçable à court terme.
Pourquoi la Maison Blanche a-t-elle décidé cet assassinat ?
Il y a toujours eu des menaces d’attentat contre Soleimani. Mais, paradoxalement, il était protégé par sa coopération, jusqu’à un certain deg