C'est un imbroglio. L'armée américaine a indiqué lundi soir au numéro deux du commandement militaire irakien «repositionner» les forces de la coalition antijihadistes dans le but d'«un retrait de l'Irak de manière sécurisée et efficace», dans une lettre dont l'AFP a pu consulter une copie. Deux responsables militaires américain et irakien ont confirmé à l'AFP l'authenticité de cette lettre.
BREAKING: The US military sends a letter to the Iraqi military announcing the “onward movement” of US troops “in due deference to the sovereignty of Iraq & as requested by the Iraqi Parliament & the Iraqi PM”. It’s a withdrawal. pic.twitter.com/tQHSsHTtez
— Liz Sly (@LizSly) January 6, 2020
Quelques heures après la publication de cette lettre, le chef du Pentagone Mark Esper a démenti. «Aucune décision n'a été prise de quitter l'Irak. Point», a déclaré à la presse le ministre américain de la Défense. «Cette lettre ne correspond pas à notre état d'esprit aujourd'hui». Au pied de ladite lettre, le nom du général William H. Seely, commandant des opérations militaires américaines en Irak, est indiqué mais sa signature ne figure pas. La lettre aurait été envoyée par erreur.
Un retrait «sécurisé et efficace»
«Nous respectons votre décision souveraine qui ordonne notre départ», indique la missive, au lendemain d'un vote au Parlement exhortant le gouvernement à expulser les troupes étrangères d'Irak après l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani et de l'homme de l'Iran en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis, vendredi à Bagdad.
«Par respect pour la souveraineté de la République d'Irak, et comme demandé par le Parlement et le Premier ministre, la Coalition va repositionner ses forces […] pour s'assurer que le retrait d'Irak est mené de manière sécurisée et efficace», peut-on lire dans cette lettre.
Dans le cadre des préparations de ce retrait, la lettre annonce «une augmentation des déplacements en hélicoptères au-dessus et aux alentours de la "zone verte" […] durant la nuit», alors que de nombreux hélicoptères survolent le centre de Bagdad depuis plusieurs nuits, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les Etats-Unis comptaient 5 200 soldats en Irak, jusqu'à l'arrivée la semaine dernière de plusieurs centaines d'autres pour protéger l'ambassade dans la «zone verte» – un quartier ultrasécurisé de Bagdad –, attaquée mardi par des milliers de pro-Iran.
Depuis fin octobre, des dizaines de roquettes ont visé des soldats et des diplomates américains. Face à la montée des tensions, Washington avait annoncé récemment le déploiement de 3 000 à 3 500 soldats supplémentaires dans la région, «très probablement» pour en envoyer une partie en Irak, selon un responsable américain.
Une demande du Premier ministre
Lundi, le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel-Mehdi a reçu l’ambassadeur américain Matthew Tueller, selon son bureau.
Abdel-Mehdi a insisté sur «la nécessité de travailler ensemble pour retirer les forces étrangères d'Irak comme l'a réclamé le Parlement pour repartir sur de bonnes bases avec les Etats-Unis», selon son bureau.
Les Etats-Unis ont envahi l’Irak en 2003 puis l’ont occupé jusqu’en 2011. Au plus fort de cette occupation, jusqu’à 170 000 soldats américains étaient postés dans le pays. Le 8 décembre 2011, les derniers militaires américains ont quitté l’Irak. Plusieurs milliers sont ensuite revenus en 2014 dans le cadre de la coalition anti-EI.