Tout est censé les opposer. Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, réunis mercredi à Istanbul, ont pourtant passé la journée à se serrer les mains. Les joies de l’inauguration du gazoduc TurkStream, reliant la Russie et la Turquie via la mer Noire, suffisent-elles à expliquer ces démonstrations de complicité ? Les chefs d’Etat, tout sourire, ont symboliquement ouvert les vannes de ce pipeline géant qui doit approvisionner le sud de l’Europe, en contournant l’Ukraine.
A plusieurs milliers de kilomètres de là, leurs soldats se font pourtant face sur deux terrains de guerre. En Syrie, Moscou appuie militairement le régime de Bachar al-Assad depuis quatre ans, bombardant sans répit les régions rebelles, tandis qu'Ankara parraine des groupes insurgés. En 2016, l'armée turque est entrée à son tour en Syrie, officiellement pour protéger sa frontière. Elle est aujourd'hui déployée dans le canton d'Idlib, dernier bastion des rebelles syriens, et dans le nord du pays depuis son opération contre les forces kurdes, cet automne.
Les deux pays soutiennent également deux camps opposés en Libye. Et leur confrontation s'est intensifiée ces dernières semaines. Des mercenaires russes se battent aux côtés du maréchal Haftar, qui refuse d'accepter l'autorit