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Libération
Interview

Australie : «Une communication désastreuse»

publié le 10 janvier 2020 à 20h41

Des milliers de personnes ont protesté en Australie, vendredi, contre la gestion des incendies par le Premier ministre conservateur, alors qu’une nouvelle hausse des températures s’est abattue sur le sud-est du pays. Pour Frank Mols, de la faculté de sciences politiques et d’études internationales de l’université de Queensland, le départ du Premier ministre reste peu probable.

COMMENT CARACTÉRISEZ-VOUS LA GESTION DE LA CRISE DES FEUX PAR LE GOUVERNEMENT ?

C’est un désastre en termes de communication. Cela a commencé par les vacances de Noël à Hawaï du Premier ministre Scott Morrison, alors que la crise était à son apogée. Quand il a réapparu et qu’il a rendu visite aux sinistrés, il semblait incapable de montrer de l’empathie et a fui les victimes en colère qui le défiaient, sans essayer de comprendre leur mécontentement. Enfin, il a été très critiqué pour son annonce impromptue de déployer 3 000 réservistes, une décision que les officiels présents sur le terrain ont découverte dans les médias.

EST-CE LA PREMIÈRE FOIS QU’UNE CATASTROPHE PROVOQUE UNE TELLE DÉFIANCE envers LE GOUVERNEMENT ?

Les désastres sont d’habitude bénéfiques pour les Premiers ministres australiens. John Howard a été salué pour sa gestion de la fusillade de masse de Port Arthur, en Tasmanie en 1996. Sa popularité a grimpé après cela, même parmi l’opposition.

Pensez-vous que cela pourrait provoquer la démission du Premier ministre ?

Je ne crois pas, mais la pression va continuer à monter. Il y a eu trop de moments de contestation du leadership ces dernières années, dans le pays. Les deux principaux partis essayent d’éviter de créer de nouvelles occasions. Les derniers épisodes ont répandu le cynisme chez les électeurs.

SA MAJORITÉ LE SOUTIENT-ELLE TOUJOURS ?

Ses partisans vont très sûrement essayer de balayer cette controverse en y voyant une diffamation motivée par des raisons politiques, alors que les électeurs du Parti travailliste y verront une nouvelle preuve de l’incompétence et du manque de morale du Premier ministre. Mais il est peu probable que cela provoque sa chute.

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