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Libération
Éditorial

Echiquier

publié le 15 janvier 2020 à 20h41

Par la gauche ou par le centre ? Une nouvelle fois, le Parti démocrate se trouve confronté à cette question classique à l’approche d’une élection présidentielle américaine. Par la gauche : pour bénéficier de l’enthousiasme suscité par une candidature audacieuse et neuve, c’est le pari d’Elizabeth Warren et de Bernie Sanders. Par le centre : pour récupérer une partie des électeurs de Trump que ses outrances et son nationalisme agressif auraient pu refroidir, comme le disent de concert l’autre vétéran Joe Biden et le novice Pete Buttigieg, talentueux élu d’une petite ville de l’Indiana. Warren et Sanders tablent sur la cohérence d’un programme très à gauche selon les critères américains. Si l’on fait l’hypothèse que l’explosion des inégalités et l’urgence climatique sont les deux questions essentielles qui se posent à la démocratie américaine, leur raisonnement se tient. Ils peuvent aussi arguer que Trump, dans le camp républicain, a joué la carte de la rupture et non de l’accommodement avec les électeurs centristes. L’histoire, en revanche, plaide pour Biden et Buttigieg. Adlai Stevenson dans les années 1950 et George McGovern dans les années 1970, tous deux situés à gauche de l’échiquier, avaient suscité un engouement comparable à celui qui porte aujourd’hui Warren et Sanders. Le premier a été battu deux fois avant de céder la place au centriste John Kennedy. Le second a été écrasé par Richard Nixon. A l’inverse, Clinton, puis Obama, ont triomphé deux fois chacun en se plaçant au centre du jeu. Les électeurs trancheront, à commencer par ceux de l’Iowa, cet Etat au système baroque de «caucus», ces assemblées de citoyens qui choisissent leur candidat au cours de débats publics évoquant les vieilles coutumes yankees. Mais chez tous ceux qui veulent battre Trump, priorité de l’heure, plus que jamais le vote utile s’imposera, quel qu’il soit.