Le Guide suprême iranien reste sur la même ligne. La plus dure : fondamentalement opposée à toute négociation avec les Occidentaux, sourde aux critiques internes, favorable aux sphères sécuritaires du régime. L’ayatollah Khamenei a réaffirmé ses positions lors de la prière du vendredi, dans la grande mosquée Mosalla, dans le nord de Téhéran. Il ne l’avait pas dirigée depuis huit ans. Ses paroles étaient donc attendues, d’autant qu’elles interviennent dans un moment de grande tension pour la République islamique.
Depuis le début du mois, le régime a perdu son plus puissant général des Gardiens de la révolution, Qassem Soleimani, assassiné par les Etats-Unis en Irak ; a vu d'immenses cortèges populaires déferler dans les rues lors de ses funérailles ; a tiré des missiles sur des troupes américaines en Irak ; a abattu par erreur un avion ukrainien et ne l'a avoué qu'une fois acculé ; a assisté à un mouvement de protestation, limité mais virulent, contre les mensonges du pouvoir. Le tout deux mois après une répression terrible de manifestations contre la hausse du prix de l'essence.
«Ces deux semaines ont été extraordinaires et riches en événements. Des événements doux et amers», a résumé le religieux âgé de 80 ans devant des milliers de fidèles qui l'interrompaient régulièrement pour scander «mort à l'Amérique» et «mort à Israël». Il n'a montré aucune forme de compréhension à l'égard de ceux qui ont exprimé leur colère après le mensonge du pouvoir sur l'origine du crash, dans lequel 176 personnes sont mortes, dont beaucoup d'Iraniens.
«Khamenei instrumentalise l’idée de nation, qui est réduite à la République islamique, analyse Clément Therme, chercheur à Sciences-Po. Dans le contexte de confrontation militaire avec les Etats-Unis, le Guide annexe tout le discours sur la nation iranienne, il refuse que certains se revendiquent d’un autre patriotisme ou de nouvelles formes de nationalisme.»