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Libération

En Syrie, le dernier bastion rebelle sur le point de tomber

publié le 26 janvier 2020 à 20h46

Les images de Maarat al-Noman montrent une ville dévastée, aux immeubles éboulés et aux rues remplies de gravats. La cité, bombardée sans relâche depuis des semaines par l’armée du régime et son allié russe, est sur le point de tomber. Alors que les frappes aériennes se poursuivaient dimanche, les soldats syriens n’étaient plus qu’à quelques centaines de mètres de ses entrées.

Sa capture aura une portée militaire, mais aussi symbolique. Dans le sud d’Idlib, Maarat al-Noman incarnait la rébellion contre le régime syrien et les jihadistes qui ont ensuite pris le contrôle de la province. Ses habitants ont combattu les deux, l’armée de Damas à partir de 2012, les rigoristes à partir de 2016. Ces derniers mois, ils n’ont pu que fuir vers le nord pour échapper aux bombardements massifs.

Une victoire du régime lui permettrait de contrôler une nouvelle partie de l'autoroute de Damas à Alep et lui donnerait une nouvelle portion de la région d'Idlib, la dernière contrôlée par l'opposition. La province est dominée par Hayat Tahrir al-Sham, ex-branche d'Al-Qaeda. Des groupes rebelles issus de l'Armée syrienne libre sont toujours présents mais restent minoritaires. Dans ses discours officiels, le pouvoir syrien dit vouloir «éradiquer le terrorisme». En réalité, il tire à l'artillerie et largue des barils d'explosifs à tout va.

L'aviation russe, pour sa part, s'emploie à détruire ce qu'il reste d'infrastructures. Malgré un cessez-le-feu annoncé en janvier par Moscou, les bombardements ne cessent pas. Depuis décembre, 350 000 personnes ont dû fuir, selon les Nations unies. «Cette dernière vague de déplacements a lieu alors que la situation humanitaire est déjà catastrophique», a déclaré un porte-parole mi-janvier.

Ceux qui fuient remontent vers la frontière turque. Mais la région est déjà saturée. Les nouveaux arrivants se retrouvent dans des champs d'oliviers, sans protection. La Turquie, qui accueille près de 4 millions de réfugiés syriens, menace régulièrement de ne plus les empêcher de rejoindre l'Europe en cas de nouvel afflux. Elle mène depuis mi-janvier des discussions avec la Russie pour établir une «zone sécurisée» dans le Nord-Ouest syrien, où les déplacés pourraient s'installer sans risque d'être bombardés. Les frappes aériennes et d'artillerie n'ont pourtant pas cessé.