A quoi pensera Abdallah II mardi soir, pendant que Donald Trump et Benyamin Nétanyahou dévoileront à Washington le tant attendu (ou plutôt redouté, vu d’Amman) «deal du siècle», censé régler le conflit israélo-palestinien ? Songera-t-il alors aux jours heureux des premières années Obama, avant la guerre en Syrie et la fièvre messianique de l’administration Trump, quand il pouvait encore enfourcher sa Harley-Davidson sur les routes de Californie, touriste royal et insouciant ?
Ces derniers mois, les nuages se sont amoncelés au-dessus du quinquagénaire, dont le portrait à travers les âges, en keffieh, uniforme ou costard, tapisse chaque pan de mur à Amman. «Ne vous y trompez pas. Les gens aimaient son père, Hussein. Ils tolèrent Abdallah», assure une étudiante. Le souverain hachémite redoute que son pays, voire sa couronne, ne soit, après les Palestiniens, une des victimes collatérales du plan Trump. Les craintes d'Abdallah II ont été renforcées par la promesse de Nétanyahou d'annexer la vallée du Jourdain dès son éventuelle réélection. D'autant que l'ex-général Benny Gantz, principal opposant à «Bibi» reçu par Trump lundi, ne s'y oppose pas. Au contraire. Son parti se vante d'y avoir pensé en premier et ne diverge que sur la méthode, soit une «coordination internationale». Elément de langage troublant, alors que de nombreux analystes estiment que la présentation du plan Trump, une fois le rejet palestinien décidé, ne serait en réalité qu'un feu vert à l'anne