A moins de vingt-quatre heures de la présentation à la Maison Blanche du maintes fois reporté «deal du siècle», l’heure est aux spéculations. Du contenu du fameux plan, présenté ce mardi à 18 heures (heure de Paris) et censé régler l’insoluble conflit entre Israéliens et Palestiniens, jusqu’aux cravates du tandem Trump-Nétanyahou. Seront-elles à nouveau assorties, en rouge, comme en mars 2019, quand le président américain reconnaissait le Golan occupé comme territoire israélien, faisant un énième bras d’honneur au consensus international et un cadeau électoral à son ami «Bibi», Premier ministre peinant à se faire réélire ? Une certitude : le président palestinien, Mahmoud Abbas, n’a pas décroché son téléphone, et l’a fait savoir. Trump et Nétanyahou, eux, espèrent que l’effet de souffle de leur explosive présentation détournera l’attention de leurs casseroles judiciaires respectives.
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Ce «plan de paix», dont seule l'ampleur du biais pro-israélien reste à découvrir, a été concocté par Jared Kushner et Jason Greenblatt, le gendre et l'avocat personnel de Donald Trump, deux hommes dont l'expertise, avant cette écrasante responsabilité, se cantonnait aux acquisitions immobilières. David Friedman, l'ambassadeur américain en Israël, partisan et mécène revendiqué de la colonisation israélienne, a suivi le dossier de près. Nétanyahou a trouvé chez ces interlocuteurs «une oreille attentive» et s'attend à un jour «historique», alors que les Palestiniens n'ont pas eu de contact avec l'administration Trump depuis fin 2017, date à laquelle Washington a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël. En juin, ils se sont vu promettre 50 milliards de dollars (environ 45 milliards d'euros) d'aide au développement s'ils topaient avec Trump. Du côté de Gaza, le comité organisateur de la «Marche du retour», mise en veilleuse ces derniers mois, a appelé à la reprise des rassemblements le long des barbelés frontaliers.
Dans une tribune publiée lundi dans le Jerusalem Post, Jason Greenblatt a néanmoins exhorté les Palestiniens à réfléchir avant de dire non et à préférer la «tranquillité d'esprit» à la rigidité de la solution à deux Etats. «Chaque camp peut se disputer pendant des décennies sur ce qui est juste. Ils ne seront jamais d'accord», raisonne ainsi Greenblatt, presque défaitiste malgré lui. Ce qui n'est pas le cas de Trump, persuadé que les Palestiniens, «à la fin, voudront [de son plan]».