Septembre 1946 «Quelque chose comme les Etats-Unis d'Europe».
C'est Winston Churchill qui le dit, lors d'un discours à Zürich. Le continent européen est en convalescence et il faut le reconstruire. Mais le Royaume-Uni préfère toujours «le grand large» (comprendre les Etats-Unis).
1960 Les Brits font jeu à part.
Les Britanniques ont du mal avec les règles de la Communauté économique européenne (CEE), créée en 1957. Alors ils préfèrent inventer les leurs, et créent l'Association européenne de libre-échange (AELE). Y participent la Suisse, le Royaume-Uni, la Norvège, la Suède, l'Autriche, le Danemark et le Portugal.
1963 et 1967 Pour de Gaulle, «non c'est non».
Cette fois, Londres a changé d'avis et voudrait bien rejoindre la CEE : ça a l'air avantageux économiquement. Par deux fois, le Royaume-Uni présente sa candidature. Par deux fois, la France de Charles de Gaulle y oppose son véto.
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1er janvier 1973 Welcome !
De Gaulle évincé du pouvoir en 1969, c'est l'occasion rêvée pour les Britanniques de poser à nouveau leur candidature : Pompidou est moins fermé et organise en 1972 un référendum en France pour avaliser l'entrée britannique. En 1973, sous la houlette du Premier ministre conservateur Edward Heath, européen convaincu, le Royaume-Uni entre officiellement dans la CEE.
1975 Leaving so soon ?
A peine deux ans qu'ils sont membres, et voilà qu'ils veulent déjà partir… Harold Wilson vient d'arriver au pouvoir et son parti (le Labour, Parti travailliste) se déchire sur la question européenne. Un référendum est organisé et met fin aux tergiversations : plus de 67 % des votants disent oui à la Communauté européenne.
1979 «I want my money back».
Au sommet des dirigeants européens à Dublin, Margaret Thatcher, fraîchement élue Première ministre britannique, tape du poing sur la table. Selon elle, le Royaume-Uni est pauvre et paye une trop grosse contribution à l'Europe. Elle veut un rabais. Elle l'obtiendra cinq ans plus tard.
1979-1990 Les années Thatcher.
L'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher renverse l'ordre établi. Jusqu'ici, c'était le Parti travailliste qui s'opposait plus ou moins à une Europe «trop libérale». Maintenant, ce sont les conservateurs. Ils craignent une Europe trop puissante face aux intérêts nationaux.
1992 L'Europe à la sauce anglaise.
Près de vingt ans après leur intégration à la CEE, les Britanniques sont devenus imbattables en dérogations. Ils les obtiennent à la pelle : point d'orgue en 1992, lorsqu'ils signent le traité de Maastricht tout en refusant d'entrer dans l'euro. Dès 1985, ils avaient refusé de signer l'accord de Schengen, prévoyant la libre circulation. Rebelote en 2007 : ils obtiennent une dérogation sur… la Charte des droits fondamentaux.
1990-1997 Eurosceptiques.
Thatcher est partie mais la «Dame de fer» a laissé une trace indélébile sur le pays. Depuis son discours à Bruges en 1988, une partie de la population Britannique est de plus en plus hostile à l'Europe, accusée d'imposer un agenda «trop social». Le parti anti-UE Ukip est créé en 1993. Mais c'est un responsable profondément europhile, le travailliste Tony Blair, qui prend le poste de Premier ministre en 1997.
2003 La guerre divise. Touchés en plein cœur en 2001, les Etats-Unis s'en vont en guerre en Irak. Tony Blair décide de les suivre, fracturant l'Union européenne, très partagée sur cette intervention.
2010-2016 Cameron : pari perdu.
Arrivé en 2010 au pouvoir, le conservateur David Cameron n'est ni franchement européen ni complètement hostile à l'UE. Ukip étant de plus en plus populaire (26,6 % des voix et 24 sièges : premier parti britannique aux européennes de mai 2014), Cameron, pour assurer sa réélection en 2015, joue les apprentis sorciers et promet un référendum sur l'appartenance à l'Union européenne.
16 juin 2016 Assassinat de Jo Cox
A une semaine du scrutin, la campagne est endeuillée par l'assassinat en pleine rue de la députée travailliste Jo Cox, qui faisait campagne pour rester dans l'UE. L'élue de 41 ans, mère de deux enfants, est tuée par un fanatique d'extrême droite qui crie «Britain First !»
23 juin 2016 «We're out !»
Cameron ne fait que mollement campagne pour le camp du remain (rester dans l'UE) : en 2014, il avait bien gagné le vote sur l'indépendance de l'Ecosse, il pensait rééditer ce succès en 2016. C'est raté : lors du référendum, 51,9 % des électeurs votent pour sortir de l'UE (leave). La surprise est énorme et la société britannique plus divisée que jamais. David Cameron démissionne dès le lendemain.
1er juillet 2016 «Theresa Maybe».
La nouvelle Premier ministre, Theresa May, avait fait campagne pour le remain mais elle veut un Brexit dur (sortie du marché unique et de l'union douanière) : «Brexit means Brexit», se justifie-t-elle. Deux ans plus tard, elle change d'avis. La presse britannique la surnomme «Theresa Maybe» («Theresa Peut-être»).
Mars 2017 Article 50.
Theresa May déclenche l'article 50 du traité de Lisbonne, qui permet à un Etat membre de se retirer de l'Union européenne. C'est une première historique. Les négociations peuvent enfin commencer entre Londres et Bruxelles, presque un an après le référendum, en vue de signer un accord de retrait (withdrawal agreement). Les Britanniques misaient sur la division des Etats européens pour obtenir un accord favorable au Royaume-Uni. Déception : l'UE fait front.
13 novembre 2018 Premier accord.
Theresa May revient de Bruxelles avec un accord. Problème : personne n'est aussi enthousiaste qu'elle. Trop de concessions, disent les conservateurs. L'accord sera rejeté trois fois par le Parlement (les 15 janvier, 12 et 29 mars 2019).
29 mars 2019 Sortira ou sortira pas ?
C'est à cette date que le Royaume-Uni aurait dû sortir de l'UE. Mais faute d'accord sur l'accord, cette date sera repoussée trois fois : avril 2019, 31 octobre 2019, 31 janvier 2020. A se demander si les Britanniques partiront…
Juin 2019 Boris Johnson à la rescousse.
Décrit comme un Trump à l'anglaise, l'ancien maire de Londres succède à une Theresa May au bout du rouleau. Son seul credo : le Brexit coûte que coûte, avec ou sans deal, prévu pour fin octobre.
Septembre 2019 Panique à Westminster.
Boris Johnson veut absolument concrétiser le Brexit, fin octobre. Pour éviter tout obstacle, il demande à la reine de suspendre le Parlement pendant cinq semaines. Une décision qui passe mal : la Cour suprême la retoque. Le Premier ministre ripostera en convoquant des élections législatives anticipées pour le mois de décembre.
Octobre 2019 Nouveau deal.
Boris Johnson parvient à un nouvel accord avec les Vingt-Sept. Mais le Parlement britannique veut se laisser le temps d'étudier le dossier. Le Brexit n'aura pas lieu fin octobre, comme Johnson le voulait.
13 décembre 2019 Victoire pour BoJo.
Les élections anticipées du 12 décembre offrent à Boris Johnson une majorité absolue au Parlement britannique. Il est désormais assuré du soutien des députés pour son projet de Brexit.
31 janvier 2020 Cette fois, c'est fini.
L'heure du Brexit a sonné. Les députés britanniques ont validé l'accord signé en octobre et la reine l'a promulgué jeudi 23 janvier. Les Britanniques sortiront de l'Union européenne le 31 janvier à 23 heures, heure de Londres. Viendra alors une période de transition, pour négocier les futures relations avec l'Europe, d'ici la fin 2020. Tout reste à construire et les discussions s'annoncent difficiles.