C’est la peur de tous les experts sanitaires et dirigeants politiques, mise en scène dans nombre de films et romans d’anticipation : une épidémie locale, puis régionale qui, sous l’effet de la mondialisation, gagnerait l’ensemble de la planète.
En cette fin de semaine, près de 10 000 personnes ont été contaminées par le coronavirus en Chine continentale (davantage qu’en 2002-2003, lors de l’épidémie de Sras) et une centaine d’autres en différents coins du monde. Il suffit de regarder le nombre et la fréquence des vols entre continents pour comprendre l’ampleur de la menace. Et surtout pourquoi, les unes après les autres, les compagnies aériennes internationales suspendent leurs liaisons avec la Chine. L’idée est de limiter le plus possible la transmission d’un virus bien plus contagieux que le Sras - mais pour l’heure bien moins mortel.
Cette suspension des liaisons aériennes comporte deux risques : couper la Chine du reste du monde alors que le pays est l’un des principaux moteurs de l’économie mondiale ; et aussi, affirme l’Organisation mondiale de la santé, pousser certains à voyager illégalement, au mépris des contrôles sanitaires.
La mondialisation a néanmoins du bon. En rehaussant jeudi soir le niveau de dangerosité de cette épidémie, qualifiée d'«urgence de santé publique de portée internationale», l'OMS espère mobiliser un maximum de moyens pour en venir à bout. Et aider à y faire face les pays les plus démunis en termes d'infrastructures et d'équipes médicales. On imagine les ravages que pourrait provoquer la dissémination du virus dans certains Etats d'Asie ou d'Afrique qui développent de très nombreux échanges avec la Chine. C'est dans un moment comme celui-ci que le terme de «communauté internationale» prend tout son sens.