Tous les jours, retrouvez Le Fil vert, le rendez-vous environnement de Libération. Aujourd’hui, c’est la règle de trois : trois questions à un acteur de la transition écologique pour décrypter les enjeux environnementaux.
Avec 63,25 milliards d'euros de financements accordés en 2019, dont 8,5 milliards en France, la Banque européenne d'investissement (BEI) est une des plus puissantes banques multilatérales au monde. Victoire pour l'environnement, elle a annoncé en novembre qu'elle arrêtait de soutenir des projets d'énergies fossiles d'ici fin 2021. Dans la lancée du Green Deal européen, promu par la nouvelle Commission, l'institution a décidé de se muer en «banque du climat». Un changement d'ampleur pour une banque qui a accordé le plus gros prêt de son histoire, fin 2017, à un projet fossile : 1,5 milliard d'euros pour le gazoduc Trans Adriatic, reliant la Turquie à l'Italie. Ambroise Fayolle, vice-président français de la BEI, explique ce que cette transformation implique pour son institution.
A partir de 2022, il n’y aura plus aucun gazoduc ou projet d’extraction d’énergies fossiles soutenu par la BEI ?
Nous avons jusqu’à fin 2021 pour approuver des projets qui sont déjà en cours d’instruction. Si l’instruction n’est pas prête avant cette échéance, ils seront mis de côté. Il y a très longtemps qu’on ne finance plus de charbon ou de pétrole. Il nous reste principalement des projets gaziers, peu nombreux mais très visibles car souvent importants pour la Commission européenne. Notre décision de novembre a donc du sens, moins sur le plan financier que sur le plan de l’éthique. C’est un signal politique fort envoyé par les Etats membres, qui sont les actionnaires de la BEI.
Est-ce que cela concerne aussi les gazoducs qui pourraient, à terme, transporter des gaz considérés comme propres, comme l’hydrogène ?
Non. Ce n'est pas une interdiction de financer des projets gaziers. On a mis une limite à 250 g de dioxyde de carbone (CO2)