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Reportage

Dans les écoles de Catalogne, le castillan tire la langue

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Catalogne: vers l'indépendance?dossier
De la primaire à l’université, le système scolaire n’est pas épargné par la question indépendantiste : le catalan y est omniprésent et, dans les établissements les plus politisés, certains parents se battent pour faire appliquer la loi prévoyant qu’un quart des cours puissent être dispensés en espagnol.
A l’université de Barcelone, le 27 septembre 2017. Des cours ont été interrompus à plusieurs reprises dans l’établissement après l’irruption d’indépendantistes. (Photo Louis Witter. Hans Lucas pour Libération)
publié le 9 février 2020 à 18h16

En arrivant en 2012 en Catalogne depuis son Argentine natale, Dafne Ungerer était davantage préoccupée par sa situation économique - il fallait trouver du travail - que par la situation de ses deux enfants à l'école. «Pour moi, l'Espagne était en Europe, le pays idéal pour que mes enfants continuent à parler leur langue. J'ai vite déchanté : mes petits devaient apprendre une langue étrangère !»

La Catalogne vit selon le modèle d'immersion où, comme dans les administrations ou les médias publiques, l'idiome «véhiculaire» est le catalan. En pratique, de la maternelle au secondaire dans le public, le catalan est omniprésent et le castillan, quoique langue co-officielle, n'est parlé que lorsqu'il est enseigné comme matière, au même titre que l'anglais. «Si j'avais eu de l'argent, dit cette vendeuse dans un magasin, cela fait longtemps que j'aurais mis mes enfants dans ces écoles privées où les cours sont répartis par tiers entre le catalan, l'espagnol et l'anglais.»

«Traître»

Si des parents d'élèves le réclament, la législation prévoit qu'un quart de l'enseignement puisse être dispensé en castillan. C'est l'option qu'a choisie Dafne qui, après des années de «combat», a obtenu en 2017 du Tribunal supérieur de justice de Catalogne (TSJC) que les cours reçus par ses deux enfants soient donnés dans la langue de Cervantès. «La peur de représailles était partout. Finalement, des dizaines de parents d'élèves m'ont soutenue, d'autres se sont tus, sept famille