Tel que Yoann Barbereau se peint, en lui se mêlent James Bond, Edmond Dantès et Fabrice del Dongo. Il lui est arrivé des aventures incroyables. Un soir, par exemple, dans un bouge en Russie, il se venge d'une brute qui lui a brûlé l'épaule avec le chalumeau destiné à allumer les narguilés. De l'agresseur, après la bataille, ne resteraient que des lambeaux et des oripeaux : «Le visage détruit n'a plus d'expression, la bouche est une béance, les yeux fixent le plafond. Sur le carrelage brun, une dent rougie tourne sur elle-même.» Ce superhéros autoproclamé, au style épique généreusement métaphorique et souvent rimbaldien, nous l'avons rencontré dans un bureau de sa maison d'édition. Il habite Douarnenez, en Bretagne. C'est un type brun, mignon, souriant, pas bien épais. Le ciel lui est tombé sur la tête en 2015, alors qu'il dirigeait depuis trois ans l'Alliance française d'Irkoutsk. Des malabars du FSB, l'ex-KGB, ont débarqué chez lui pour l'arrêter, devant sa femme russe et leur fille de 5 ans. Ils l'ont accusé de détenir des photos pédopornographiques dans son téléphone et de les avoir mises en ligne. Ce qui lui était reproché est entièrement faux. En tout cas, c'est ce que dit Barbereau. La raison pour laquelle le FSB a tenté de le compromettre, Yoann Barbereau peut seulement la supposer : il pense s'être trop rapproché du maire d'Irkoutsk, qui gênait le parti au pouvoir.
Il fut placé en garde à vue et, le lendemain, écroué, placé en cellule avec dix autres détenus.