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Libération
Interview

Turquie : Asli Erdogan acquittée

(FILES) In this file photo taken on July 23, 2018 exiled Turkish writer and human rights activist Asli Erdogan answers AFP journalists' questions during an interview in Frankfurt am Main, western Germany. - A Turkish court on February 14, 2020 acquitted renowned novelist Asli Erdogan on charges of membership of an armed terror organisation. The court in Istanbul also acquitted Erdogan, who is living in exile in Germany, of disrupting the unity of the state. (Photo by Daniel ROLAND / AFP)
publié le 14 février 2020 à 20h46

Asli Erdogan, romancière et opposante turque, a été acquittée vendredi par un tribunal d'Istanbul au terme de près de quatre ans de poursuites. Accusée d'«activités terroristes» en 2016 pour avoir collaboré au journal prokurdes Ozgür Gündem, elle avait été emprisonnée pendant plus de trois mois. Elle avait quitté la Turquie ces dernières années pour s'installer en Allemagne. De passage à Paris quand la nouvelle de son acquittement est tombée vendredi matin, elle a répondu aux questions de Libération.

Comment avez-vous réagi à la nouvelle de votre acquittement ?

C'est une immense surprise et un grand soulagement. Mes amis, comme moi, ne nous y attendions absolument pas. Tout indiquait que j'allais être condamnée à nouveau. Le plus important c'est que les deux articles pour lesquels j'étais poursuivie parce qu'ils contenaient les morts «pression sur la presse», et pour lesquels on m'accusait de «mensonge» et de «propagande» n'ont pas été incriminés. Ce jugement du tribunal fait jurisprudence pour tous les autres Turcs qui sont jugés pour avoir parlé de «pressions sur la presse».

Est-ce pour vous la fin du cauchemar ?

Oh non, malheureusement ce n’est pas du tout un soulagement final. Je m’attends à tout moment à être de nouveau poursuivie pour mes articles et mes écrits, notamment parce que j’ai utilisé le terme de «dictateur» pour qualifier le président turc. Or plus de 1 000 personnes ont été condamnées en Turquie ces dernières années pour avoir écrit ou dit «dictateur» à propos de Recep Tayyip Erdogan. On prend des risques pour chaque mot qu’on écrit en Turquie et les accusations de «mensonge» peuvent être portées comme on ne l’a jamais vu.