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Libération
Récit

En Syrie, les humanitaires dépassés par les déplacés

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Dans le Nord-Ouest, l’avancée du régime et des Russes, qui ont repris une trentaine de localités, provoque une fuite d’une ampleur inégalée depuis le début de la guerre. Avec près de 900 000 personnes supplémentaires sur les routes depuis décembre.
A la frontière turque près de Lattakieh sur la localité de Kharbet Al-Joz le 16 février 2020
publié le 17 février 2020 à 20h41

C'est un drame humanitaire hors normes qui frappe le Nord-Ouest syrien. Des dizaines de milliers de personnes, femmes et enfants en majorité, ont encore fui ces derniers jours leurs villes et villages pour remonter vers le nord et échapper aux bombardements russes et à l'avancée des troupes syriennes vers l'ouest. Elles partent en voiture quand elles le peuvent, à pied sinon. Elles se retrouvent sans rien, sans abri, sous -5 °C la nuit (lire ci-contre).

Plus de 875 000 personnes ont été déplacées depuis décembre dans la province d’Idlib et dans celle voisine d’Alep, selon l’ONU. Des flots de population d’une ampleur comparable aux Rohingyas fuyant vers le Bangladesh voisin le nettoyage ethnique dans l’ouest de la Birmanie entre 2017 et 2018.

«Ce qui se passe est monstrueux. Il n'y a pas d'équivalent depuis le début de la guerre. Nous sommes complètement dépassés, nous ne savons plus quoi faire, dit un travailleur humanitaire syrien. Nous aurions pu gérer 100 000 personnes supplémentaires, pas 800 000. Les gens dorment dans leur voiture, dans des tentes fabriquées avec des bouts de tissu. Ils brûlent ce qu'ils peuvent, jusqu'à des vêtements, pour se réchauffer. Mais des enfants meurent de froid.»

«Cessez-le-feu»

Le régime syrien a continué sa progression dimanche et lundi. Précédé par les frappes aériennes de son allié russe, il s’est emparé d’une trentaine de villages dans la campagne de l’ouest d’Alep, sans avoir besoin de combattre. Les rebelles