Li Wenliang
Le 30 décembre 2019, cet ophtalmologue originaire de Wuhan signale à ses collègues la circulation d’une maladie qui ressemblerait au syndrome respiratoire aigu sévère (Sras). Très vite, le gouvernement, qui tente de couvrir l’ampleur de l’épidémie, l’accuse de propager des rumeurs. Quelques jours plus tard, il est arrêté par la police.
après avoir été contaminé par une patiente qu’il soignait, et devient le martyr du coronavirus Covid-19, déjà à l’origine de plus de 2 000 morts.
Glenn Greenwald
Journaliste américain, connu pour avoir rendu publiques les révélations de Snowden, Glenn Greenwald, qui vit au Brésil depuis 2004,
[ révèle en juin 2019 sur le site ]
des messages entre le ministre de la Justice, Sérgio Moro, et des procureurs chargés de l’enquête anticorruption «Lava Jato», qui avait entraîné l’emprisonnement de l’ancien président Lula. Greenwald est inculpé par le parquet brésilien et accusé d’avoir
«aidé, encouragé et orienté»
un groupe de pirates informatiques. Il dénonce une tentative d’
«atteinte à la liberté de la presse et à la démocratie brésilienne».
En février, un juge d’instruction a annoncé ne pas donner suite pour l’instant.
Rui Pinto
Informaticien autodidacte, le Portugais Rui Pinto est
[ à l’origine des scandales des Football ]
et
[ Luanda Leaks ]
. Le premier intervient en 2016, lorsqu’il dévoile une dizaine de millions de documents confidentiels, notamment sur les dessous peu ragoûtants du foot business, qui ont conduit à des procédures judiciaires dans plusieurs pays européens. A ce jour, c’est la plus importante fuite d’informations de l’histoire. Fin 2018, il transmet les données à l’origine des révélations sur la fortune de la fille de l’ex-président angolais, Isabel dos Santos. Il est arrêté en 2019 en Hongrie, puis extradé vers le Portugal, où il est emprisonné depuis.
Edward Snowden
En juin 2013, l’ancien sous-traitant de la NSA transmet à une poignée de journalistes des documents confidentiels de la puissante agence de renseignement américaine, qui attestent de la surveillance massive qu’elle exerce sur les communications. Il est inculpé en juin 2013 pour
«espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernemen-taux».
Bloqué à Moscou par l’annulation de son passeport, Snowden y obtient l’asile politique. A ce jour, aucun pays européen n’a accepté de l’accueillir.
Chelsea Manning
Ancienne analyste de l’armée américaine, Chelsea Manning, née Bradley, transmet en 2010 à WikiLeaks des documents militaires classifiés sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan et des câbles diplomatiques. Elle est arrêtée en mai 2010, puis condamnée en août 2013 à 35 ans de prison. Trois jours avant la fin de son mandat, Barack Obama décide de commuer sa peine. Elle est libérée en mai 2017 avant d’être
[ incarcérée à nouveau en 2019 ]
, après avoir refusé de témoigner devant le grand jury qui enquête sur Assange, procédure dont elle dénonçait l’opacité. Depuis l’an dernier, elle a passé, au total, 347 jours en prison.
Stéphanie Gibaud
Fin des années 2000, Stéphanie Gibaud, chargée de l’organisation d’événements en France pour UBS, dévoile l’évasion fiscale organisée par la banque suisse. Elle contribue à l’enquête française qui aboutit à un procès parisien pour
«blanchiment de fraude fiscale en bande organisée».
Licenciée en 2011, elle se retrouve au RSA. La même année, elle est reconnue
«collaboratrice occasionnelle du service public»
par le tribunal administratif et est indemnisée à hauteur de 3 000 euros, bien loin des 3,5 millions d’euros qu’elle demandait.
Antoine Deltour
Ex-salarié du cabinet d’audit PWC, Deltour dévoile en 2010 l’optimisation fiscale des multinationales via le Luxembourg. Il est inculpé par la justice en 2014, pour
«vol domestique, violation du secret professionnel, violation de secrets d’affaires et blanchiment».
Condamné en première instance à douze mois de prison avec sursis, il est finalement relaxé en 2018 par la Cour de cassation, qui reconnaît son statut de lanceur d’alerte. Il est aujourd’hui salarié dans une antenne régionale de Bercy.
Karim Ben Ali
En juillet 2017, cet ancien chauffeur routier intérimaire dénonce, vidéo à l’appui, le déversement d’acide dans la nature par le groupe ArcelorMittal, à Florange. Karim Ben Ali est licencié pour
«rupture de discrétion commerciale»
et porte plainte pour
«mise en danger et atteinte volontaire à l’intégrité de la personne et pour infraction aux règles de la sécurité et de la santé»,
des procédures judiciaires encore en cours. Aujourd’hui, il assure que sa vie est
«gâchée»
et qu’il ne parvient plus à trouver du travail.