En Afrique du Sud, l'histoire se conjugue toujours au présent. Les blessures n'ont pas encore cicatrisé. Alors, quand Frederik Willem de Klerk, dernier président du régime d'apartheid, affirme que celui-ci n'était, à sa connaissance, pas un crime contre l'humanité, c'est une insulte jetée à la face des millions de Sud-Africains qui ont souffert des violences du régime. Et dont les conséquences se font toujours sentir. Les excuses sont venues un peu tard. Dans une déclaration publiée par la Fondation De Klerk, l'ancien chef de l'Etat a exprimé ses regrets pour «la confusion, la colère et le mal» que ses propos ont pu causer. Comme une tentative sans conviction de calmer les débats qui continuent d'enflammer la presse et les réseaux sociaux.
«Du sang sur les mains»
Mais le mal est fait. Les plaies ont été rouvertes. C'était au début de ce mois, lors d'une interview à la télévision nationale sud-africaine SABC. Le pays se préparait à célébrer le trentième anniversaire de la libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990, après vingt-sept ans de prison. Lorsque le présentateur demande à F.W. de Klerk ce qu'il pense de la déclaration des Nations unies qui qualifie l'apartheid de crime contre l'humanité, l'ancien chef de l'Etat répond qu'il n'est «pas tout à fait d'accord». Malaise. Le présentateur rappelle que l'apartheid, la politique de ségrégation raciale mise en place à partir de 1948 en Afrique du Sud par le Parti national et abolie le 30 juin 1991, a «dévasté la vie de milli