«CDU : Chaotisch-Demoralisierte Union» («union chaotique et démoralisée»), c'est ainsi que le Spiegel décrivait l'atmosphère chez les conservateurs allemands dimanche soir. Comment qualifier les choses autrement ? Le premier parti allemand, englué dans la plus grave crise de son histoire, est devenu un poulet sans tête. Personne ne sait qui se présentera dans la course à la Chancellerie après Angela Merkel. Personne ne sait qui prendra les rênes du parti après la démission d'Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK). La CDU restera-t-elle sur une ligne centriste et merkelienne ? Va-t-elle définitivement pactiser avec l'AfD ? Une alliance avec l'extrême droite est déjà prônée par des élus de Saxe-Anhalt, où se tiendront des élections l'an prochain.
Le parti vit une très grave «crise de confiance», selon le ministre de la Santé, l'ultra-conservateur Jens Spahn, qui se verrait bien succéder à AKK. Pas étonnant alors de le voir sanctionné dans les urnes : dimanche, lors des élections de la ville-Etat de Hambourg, les conservateurs ont réalisé l'un de leurs pires scores : 11,2 % (contre 15,9 % en 2015). Une fois n'est pas coutume, ils ont été laminés par le SPD (39 %), et par les Verts (24,2 %). L'AfD, elle, est tout juste parvenu à entrer au Parlement, avec 5,3 % des voix. Quant au FDP, parti libéral lui aussi dans la tourmente depuis la crise politique en Thuringe où son candidat s'est fait élire avec les voix de la CDU et de l'AfD, son score n'est pas encore définitif mais il devrait se situer autour des 5 %.
Certes, ces résultats ne concernent que Hambourg et sont assez peu représentatifs des rapports de force politiques nationaux. Il n'y a que dans cette ville de 1,7 million d'habitants ou à Berlin que le SPD obtient ce genre de scores. Mais pour la CDU, ce revers électoral est un échec de plus. «Il faut appeler un chat un chat, c'est un jour douloureux pour [nous], a reconnu le secrétaire général du parti, Paul Ziemiak. Ce qui s'est passé en Thuringe n'a pas aidé les militants de la CDU à Hambourg.» Arc-bouté sur leur «ni-ni» - ni Die Linke (gauche radicale) ni AfD -, les dirigeants de la CDU ont rejeté samedi l'accord trouvé en Thuringe qui prévoyait de reconduire Bodo Ramelow, le sortant de gauche, jusqu'à ce que se tiennent de nouvelles élections en avril 2021. Retour à la case départ.