Menu
Libération

Le coronavirus de A à Z

publié le 26 février 2020 à 20h16

comme animal

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) le rappelait dès le 12 janvier : «Les données semblent indiquer clairement que la flambée est associée à des expositions sur un marché aux poissons à Wuhan» (voir : Hubei). L'hypothèse d'une zoonose, maladie transmise par des animaux, est donc privilégiée. Le 7 février, la revue scientifique Nature s'interroge : «Le pangolin a-t-il propagé le coronavirus aux humains» ? Mais rien ne l'atteste encore formellement. Comme rien ne permet de certifier que le Sars-CoV-2, autre nom du Covid-19, très proche d'un virus détecté chez la chauve-souris, vient de l'animal. Le coronavirus du Sras s'est transmis de la civette à l'être humain en Chine en 2002 et celui du Mers du dromadaire à l'homme en Arabie Saoudite en 2012.

comme bilan

En date de mercredi, près de deux mois après l'apparition du virus, 81 191 cas avaient été confirmés, dont 78 064 en Chine. 39 pays ont connu ou connaissent des cas. 2 728 personnes sont mortes, 30 310 ont été soignées et sont guéries (voir : X-Files).

A Wuhan, le 12 février.

Photo Cheng Min. Xinhua via AP

comme comorbidité

Des maladies associées sont la principale raison des décès enregistrés à ce jour. «Dans les cas plus graves, qui semblent concerner à ce jour principalement des personnes vulnérables en raison de leur âge ou de comorbidités (maladies associées), le patient peut être atteint d'un syndrome de détresse respiratoire aiguë, d'une insuffisance rénale aiguë, voire d'une défaillance multiviscérale pouvant entraîner le décès», rappelle l'Institut Pasteur. Les patients déjà atteints de maladies cardiovasculaires sont les plus menacés, rappelle une étude chinoise, devant les diabétiques ou les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques ou d'hypertension.

comme désastre

Moins de 3 000 morts : on est encore loin de l'hécatombe ou de la pandémie dévastatrice. Au XXe siècle, trois grandes pandémies de grippe (voir : Pandémie) ont sévi : en 1918 (grippe espagnole, de 25 à 50 millions de morts), en 1957 (grippe asiatique, un million de morts) et en 1968 (grippe de Hongkong, 700 000 morts). Au XXIe siècle, la grippe A (H1N1), ou grippe porcine, a fait plus de 18 000 victimes entre 2009 et 2010 (15 fois plus selon une étude publiée en 2012 par The Lancet Infectious Deseases). La pandémie du VIH, elle, a terrassé 32 millions de personnes depuis son apparition en 1981 (770 000 encore en 2018).

comme épidémie

Une épidémie est l'apparition intermittente, mais rapide, d'une maladie infectieuse et contagieuse qui touche un groupe de population de façon plus ou moins importante. L'endémie, au contraire, est la persistance dans une même région d'une maladie particulière, soit parce qu'elle y reste en permanence, soit parce qu'elle y revient à des époques semblables (on parle alors de saisonnalité). Le paludisme est ainsi endémique dans certaines régions du monde. La pandémie, comme celle du VIH, est une épidémie à l'échelle planétaire (voir : Pandémie).

comme fake

On ne parle pas ici des fakes news (voir : Rumeurs), fausses théories, ou faux traitements. Mais de fausses protections. La Chine, épicentre du virus, est ainsi victime d'une épidémie de contrefaçons de masques. Les autorités ont déjà réprimé 688 affaires de ventes de masques inef­ficaces ou contrefaits. 31 millions d'entre eux ont été saisis et 22 000 suspects interpellés pour des crimes ou délits liés à l'épidémie. Les autorités du Sichuan (sud du pays) ont par ailleurs estimé que la vente de masques ne satisfaisant pas aux normes de qualité nationales pourrait être passible de l'emprisonnement à vie.

comme gouttelettes

Il suffit d’un petit mètre de distance pour qu’un individu contaminé passe le virus à son voisin, notamment par voie respiratoire. En cause : les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. D’où l’intérêt des masques (particulièrement de type FFP2/N95). Mais l’occasion de redire aussi (et pas seulement en période de ­coronavirus) qu’il est plus que bien­séant de tousser ou d’éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable. Le coronavirus peut également se transmettre lors de ­contacts rapprochés (se toucher, se serrer la main…) ou en touchant une surface contaminée (si l’on porte ensuite ses doigts à la bouche par exemple, sans s’être auparavant lavé les mains).

comme Hubei

C'est l'une des 26 provinces de la Chine, épicentre de l'épidémie comptant 58 millions d'habitants. Le virus, identifié pour la première fois le 31 décembre, trouverait son origine au Huanan South China Seafood Market, un marché de gros de fruits de mer et de poissons de Wuhan, la capitale du Hubei. Il a été fermé dès le 1er janvier. Véritable plaque tournante en matière de transports, desservant toutes les grandes métropoles du pays, la ville est en quarantaine depuis le 23 janvier (voir : Quarantaine).

A Wuhan, le 17 janvier.

Photo Getty Images

comme incubation

Pour l'heure, la communauté scientifique estime à quatorze jours maximum la durée d'incubation du virus, d'où des mises en quarantaine (voir : Quarantaine) de cette durée : logique. Mais une trentaine de scientifiques chinois, qui ont passé au peigne fin les données de 1 100 patients atteints du Covid-19, suggèrent que la durée d'incubation (entre le moment de la contagion et l'apparition des symptômes) serait plus longue. Ils évoquent une durée de vingt-quatre jours. Un cas de vingt-sept jours a même été recensé : il s'agit d'un homme de 70 ans, habitant de la province de Hubei (voir : Hubei), en Chine. En France, le ministère de la Santé estime que ces cas extrêmes ne remettent pas en cause pour l'instant les durées de quarantaine.

comme Juventus

Score non parvenu à l’heure où nous bouclions. Mais polémique sur la présence de fans turinois de la Vieille Dame, qui affrontait mercredi l’Olympique lyonnais à Décines, en 8e de finale aller de la Ligue des champions.

comme K Pop

Places boursières qui chancellent, croissance revue à la baisse, usines fermées, le virus contamine l’économie. Jusqu’à, très anecdotique certes, la promo du nouvel album des rois de la K-pop BTS. L’épidémie en Corée du Sud, deuxième foyer le plus important hors de Chine, a contraint le boys band à donner lundi une conférence de presse via Internet depuis une salle quasi-vide. Ouch.

comme lettres

Non, il n'est pas dangereux de recevoir du courrier ou des colis de Chine, ou de tout autre endroit où le virus a été identifié. Celui-ci se dégrade très vite au contact de l'air. La Poste, qui a arrêté les échanges postaux avec le pays depuis le 17 février, ne l'a ainsi pas fait à cause du virus lui-même. Les plis ou paquets «en provenance de Chine ne présentent pas de risques sanitaires car les virus ne peuvent pas survivre longtemps sur des objets», a-t-elle rappelé à CheckNews. Comme d'autres services postaux en Espagne, en Grèce ou au Danemark, la décision a été prise car «il n'y a quasiment plus de vols vers la Chine» et que les «colis ne sont pas prioritaires sur les rares liaisons encore assurées».

comme mortalité

Il serait plus exact de parler de «létalité», qui désigne le nombre de décès rapporté au nombre de cas. Il n’en reste pas moins que la plus vaste étude sur l’épidémie a été publiée le 20 février. Réalisée par le centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, elle porte sur 72 314 cas confirmés, suspects, diagnostiqués cliniquement et asymptomatiques de la pneumonie virale constatés en date du 11 février. La pneumonie Covid-19 s’avère bénigne dans 80,9 % des cas et mortelle dans seulement 2,3 % des cas ; «grave» dans 13,8 % des cas et «critique» dans 4,7 % des cas. Les personnes âgées de plus de 80 ans sont évidemment les plus à risque, avec un taux de mortalité de 14,8 %.

comme nouveau

On parle de «nouveau coronavirus» quand il s’agit d’une infection à coronavirus (terme OMSien) qui n’a pas été auparavant identifiée, rappelle le Center for Disease Control d’Atlanta. Il s’est donc appelé nCov avant d’être renommé le 11 février Covid-19 par l’OMS, abréviation de Coronavirus Disease 2019. Le groupe d’études sur les coronavirus le reconnaît comme frère des coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère (Sars-CoV) de l’espèce coronavirus lié au syndrome respiratoire aigu sévère, et le désigne comme coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (Sars-CoV-2).

Photo NIAID

comme OMS

L'Organisation mondiale de la santé, sur le gril comme à chaque crise sanitaire aiguë, se refuse encore à qualifier de pandémie (voir : Pandémie) l'impact du virus. «Pour le moment, nous n'assistons pas à une propagation mondiale débridée du virus et nous ne voyons pas une maladie grave ou des décès à grande échelle, assure son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Est-ce que ce virus possède un potentiel pandémique ? Absolument, il l'a. En sommes-nous là ? D'après notre évaluation, pas encore.»

comme pandémie

«Le concept de pandémie suppose que toute la population mondiale soit susceptible d'être exposée à une infection et qu'une partie puisse potentiellement tomber malade», a précisé mardi Michael Ryan, directeur du programme pour les urgences de l'OMS. Si elle jugeait que le Covid-19 est bien une pandémie, l'OMS (voir : OMS) se mettrait simplement à utiliser ce mot, du grec ancien (pan : tout, demos : peuple). Mais elle ne ferait pas l'objet d'une déclaration formelle et officielle de l'Organisation mondiale de la santé, contrairement au classement du Covid-19 comme «urgence de santé publique de portée internationale» le 30 janvier. Pourquoi ? Parce que l'OMS a abandonné son ancien système d'alerte en 2009. Il comprenait alors six phases, dont la dernière correspondait à un classement comme pandémie, comme pour la grippe A (H1N1) de 2009.

comme quarantaine

La peste soit-elle de la quarantaine ? La question se pose après les mesures drastiques prises par la Chine ou l'Italie. Pour Marius Gilbert, épidémiologiste à l'Université libre de Bruxelles, «ce genre de mesure peut retarder la propagation d'un virus, mais elle ne peut pas l'empêcher. Elle est à manipuler avec prudence car l'élément essentiel pour combattre une épidémie est l'information et la confiance dans les autorités. Si les gens sont méfiants, ils vont fuir ou se cacher».

A San Fiorano, en Iralie.

Photo Marzio Toniolo. Reuters

comme rumeurs

Remèdes miracles (huile de sésame, etc.) et théories du complot (virus échappé d'un labo du Wuhan) pullulent. On parle même «d'infodémie» massive. A tel point que des chercheurs s'en sont alarmés le 19 février, sur le site du Lancet : «Le partage rapide, ouvert et transparent de données relatives à cette épidémie est aujourd'hui menacé par des rumeurs et la désinformation sur les origines du virus.» Amazon a pour sa part entrepris de retirer les produits qui prétendent, à tort, soigner le nouveau coronavirus ou protéger d'une infection.

comme symptômes

Fièvre, toux, mal de gorge, difficultés respiratoires, douleurs musculaires, fatigue… le nouveau coronavirus provoque la plupart du temps des symptômes qui ressemblent à s'y méprendre à un syndrome grippal. Pas simple. Encore moins quand on saura qu'un nombre important de personnes infectées présentent des formes très légères de la maladie (genre rhume), voire aucun symptôme. Les cas les plus graves peuvent développer une pneumonie sévère, un syndrome de détresse respiratoire aiguë ou un choc septique. Certaines personnes sont plus à risque que d'autres (voir : Comorbidité).

A Yummeng, le 20 février.

Photo STR. AFP

comme traitement

Il n'existe à l'heure actuelle aucun traitement antiviral contre le Covid-19. Même si des médicaments sont en phase de test (lire page 2-3).

comme urgences

Oui, se surveiller en cas de doute est important. Mais pas question en revanche de se ruer aux urgences (débordées et qui n’ont pas besoin en sus d’être contaminées) ou chez son médecin traitant. Voici donc la marche à suivre : surveiller sa température deux fois par jour si on a séjourné en Chine ou dans une zone où circule activement le virus dans les quatorze jours précédents ; porter un masque chirurgical ; réduire ses activités non indispensable et la fréquentation de lieux où se trouvent des personnes fragiles (pas le moment de rendre visite à mamie) et ne pas mégoter sur le lavage de mains. En cas de fièvre ou de sensation de fièvre, de toux, de difficultés à respirer, contacter le Samu.

comme volatilité

C'est une des spécificités de ce Covid-19. Et qui explique pourquoi il se propage aussi rapidement à travers le monde. L'analyse moléculaire des protéines de surface du virus (les piques qui lui permettent de s'accrocher aux cellules pour les infecter) présenterait «une affinité pour les cellules humaines dix à vingt fois supérieure» à celle du Sars-CoV de 2003 (8 000 cas, 800 morts), selon un rapport publié dans Science par des chercheurs australiens.

comme Wenliang

Li Wenliang, ophtalmologue d'un hôpital de Wuhan (voir : Hubei), mort à 34 ans le 7 février, est l'une des figures de la crise sanitaire. Il a le premier alerté sur le risque d'une épidémie majeure. Les autorités chinoises lui avaient reproché de perturber «gravement l'ordre public». Au total, 3 019 médecins et autres personnels médicaux ont été contaminés dans le pays, dont 1 688 gravement. Cinq sont morts en date du 11 février.

comme X-Files

Pour voir en temps réel l’évolution de l’épidémie, le Center for Systems Science and Engineering de Baltimore (Etats-Unis) a mis en ligne un tableau de bord qui suit la propagation du Covid -19. Cette carte interactive (cas confirmés, suspects, guérisons, décès), s’appuie sur les données de l’OMS et des centres de contrôle des maladies présents en Europe, aux Etats-Unis et en Chine.

comme Yokohama

Port japonais et lieu de quarantaine du Diamond Princess, navire de croisière où 3 711 passagers et membres d'équipage sont confinés depuis le 4 février. Les autorités japonaises sont sous le feu des critiques pour leur gestion de la crise. Port de masques aléatoire, confinement non respecté… A ce jour, 691 passagers ont été détectés porteurs du virus. Des dizaines d'autres, testés négatifs et qui ont débarqué à la fin de la quarantaine, ont par la suite présenté des symptômes…

comme zéro (patient)

A chaque nouveau pays touché par l’épidémie, c’est la même course contre la montre : déterminer le plus vite possible le patient zéro pour trouver le point de départ de l’infection, rebâtir la chaîne de contacts, établir une cartographie et tenter d’éviter de nouvelles contaminations. En Italie (en Lombardie ou en Vénétie), la quête a pour l’instant échoué…