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Libération
A la barre

Les avocats d'Assange dénoncent des charges «purement politiques»

Au troisième jour du procès du fondateur de WikiLeaks, sa défense a fait valoir que l’extradition ne peut pas être accordée si elle a été demandée pour ce type d'infractions. Ce que conteste l'accusation.
Des soutiens de Julian Assange, le 25 février à Londres. (Photo Matt Dunham. AP)
publié le 26 février 2020 à 19h43

Des charges «purement politiques». C'est ce qu'ont reproché, au troisième jour du procès en extradition de Julian Assange, les avocats de l'Australien à l'acte d'accusation américain. Outre-Atlantique, le fondateur de WikiLeaks est sous le coup de 18 chefs d'inculpation : l'un pour piratage informatique, les 17 autres pour espionnage – pour avoir, au début des années 2010, publié des documents secrets de l'armée américaine, des câbles diplomatiques et des documents sur les prisonniers de Guantánamo. Il risque jusqu'à 175 ans de prison. Depuis lundi, le tribunal de Woolwich (Royaume-Uni), adjacent à la prison de haute sécurité dans laquelle il est incarcéré depuis dix mois, examine la demande émise par les Etats-Unis.

Une demande qui, selon la défense du fondateur de WikiLeaks, doit être écartée : le traité d'extradition américano-britannique dispose explicitement, fait-elle valoir, que l'extradition ne doit pas être accordée si elle a été demandée pour des «infractions politiques», à moins qu'il ne s'agisse de faits de violence ou de terrorisme. Le débat, complexe, n'a pas seulement porté sur le fond du dossier, mais également sur le droit applicable. En réponse, l'avocat du gouvernement conteste tant cette caractérisation même d'«infractions politiques» que le fait que le traité américano-britannique puisse s'appliquer en l'espèce : selon lui, c'est la loi nationale sur l'extradition qui prime… laquelle n'a pas prévu cette exception.

Quant à Julian Assange, il est apparu aussi fatigué que la veille. En milieu d'après-midi, alors que la juge demandait s'il était en état de poursuivre l'audience, il a pris la parole depuis le box dans lequel il suit les débats, séparé de la salle par une série de vitres, et déploré de ne pouvoir communiquer de manière confidentielle avec ses avocats : «Je ne peux pas leur poser des questions sans que la partie adverse [les représentants de l'administration américaine, ndlr] ne le voie», a-t-il lancé, ajoutant que celle-ci «a eu cent fois plus de contacts avec ses avocats» que lui, que ses conseils avaient été «assez espionnés comme ça», et qu'il avait l'impression de «participer» à son procès autant qu'un spectateur à Wimbledon.

Edward Fitzgerald a alors demandé que son client soit extrait du box et puisse s'asseoir avec son équipe de défense. Pour la juge Vanessa Baraitser, cela signifierait que le fondateur de WikiLeaks n'est plus en détention – autrement dit, il faudrait que ses avocats demandent sa mise en liberté conditionnelle. L'avocat du gouvernement américain a fait savoir qu'il s'opposerait à une telle demande, mais qu'en revanche il ne verrait pas d'objection à ce qu'Assange suive les débats hors du box, à condition qu'il soit sous bonne garde. La question devait être discutée dans la soirée.