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Le portrait

Shaparak Shajarizadeh, châle histoire

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Cette Iranienne a dû fuir son pays pour avoir enlevé son voile dans la rue comme de nombreuses autres femmes protestataires.
(Photo Patrick Swirc pour «Libération»)
publié le 3 mars 2020 à 17h06

Shaparak Shajarizadeh est assise devant nous dans le lobby d'un hôtel parisien. Yeux verts, jupe grise, tête nue. Elle a quitté la République islamique clandestinement en 2018 et n'y retournera jamais. Nasrin Sotoudeh, son avocate, y est toujours détenue : défenseure des droits humains, elle purge depuis 2019 une peine de dix ans pour «incitation à la débauche». Ailleurs dans la capitale iranienne, une ancienne prisonnière, Vida Movahed, mène une vie rangée. Elle se fait discrète depuis sa sortie de prison en mai 2019 : elle n'est pas remontée sur le transformateur électrique de l'avenue de la Révolution, elle n'a pas recommencé à agiter son voile au bout d'un bâton. Les trois femmes ont contesté, chacune à sa façon, le port obligatoire du hijab imposé par les religieux après la révolution de 1979 qu'ils ont confisquée. Elles en ont toutes payé le prix.

Shaparak Shajarizadeh, 45 ans, n'est probablement pas la plus politisée. Elle avait une vie normale jadis. La vie des classes urbaines aisées qui habitent dans le nord de Téhéran, presque dans les montagnes, là où l'air est un peu plus respirable que dans le reste de la métropole tentaculaire. Ils vont au ski le week-end dans les stations toutes proches, et partent en vacances à l'étranger, en Turquie et parfois en Europe. Shaparak Shajarizadeh a grandi dans ce milieu. Avec une particularité : sa mère avait dix ans de plus que son père et des enfants d'une première noce. Atypique, même avant la révolution. Quarante-qu