En Thuringe comme ailleurs, l’histoire bégaie : à 14 heures, ce Land d’ex-RDA s’apprête à élire son ministre-président. Cette élection avait en effet déjà eu lieu voici un mois, et son résultat avait déclenché une crise politique inédite en Allemagne, conduisant notamment à la démission de la présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Annegret Kramp-Karrenbauer.
Rappel des faits : un ministre-président libéral (FDP), Thomas Kemmerich, a été élu le 5 février avec les voix d'Alternative pour l'Allemagne (AfD, extrême droite) et de la CDU, dans le but de contrer l'élection du ministre-président de gauche sortant, Bodo Ramelow (Die Linke). Les conservateurs, qui avaient promis officiellement de ne jamais pactiser avec l'extrême droite, ayant ce jour-là franchi le rubicon, les protestations furent vives. Devant le scandale, Kemmerich démissionnait vingt-quatre heures après son élection.
Ensuite, les rebondissements grotesques se sont enchaînés. A Berlin, Angela Merkel a poussé pour de nouvelles élections, mais sans être écoutée, d'autant que la chancelière déclinante n'est plus présidente de son parti. Sa dauphine «AKK», dépêchée en catastrophe à Erfurt, a tenté de convaincre la CDU locale d'accepter un nouveau scrutin, en vain ;