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Libération

Crash du vol MH17 : la Russie cernée au procès

par Pauline Fricot
publié le 9 mars 2020 à 20h46

Un à un, les noms des 298 victimes ont été énumérés par le parquet du tribunal de Schiphol, dans la banlieue d'Amsterdam. Lundi, à 10 heures s'est ouvert le procès du crash du vol MH17, le 17 juillet 2014, de la compagnie Malaysia Airlines, qui volait entre Amsterdam et Kuala Lumpur, lorsqu'il a été abattu au-dessus de l'Ukraine. En 2018, une équipe internationale d'enquêteurs a identifié le projectile comme étant un missile de fabrication russe BUK, provenant de la 53e brigade antiaérienne installée dans le sud-ouest de la Russie. D'après l'enquête, il a été tiré depuis une zone contrôlée par les rebelles prorusses dans le Donbass, théâtre d'affrontements entre séparatistes soutenus par Moscou et armée ukrainienne. Les Pays-Bas et l'Australie, qui déplorent respectivement 196 et 38 victimes, accusent la Russie d'être à l'origine du tir. Ce que Moscou a toujours démenti, en reportant la responsabilité sur son voisin ukrainien.

Les pays ayant pris part à l'enquête, les Pays-Bas, l'Australie, l'Ukraine, la Malaisie et la Belgique, se sont accordés pour juger les suspects sur la base du droit néerlandais. Vendredi, la porte-parole de la diplomatie russe a accusé les Pays-Bas de faire pression sur le tribunal et de mener une «campagne médiatique caractérisée par un parti pris accusateur envers la Russie».

Dans cette affaire, il y a quatre suspects : un Ukrainien, chef d’un bataillon séparatiste prorusse, et trois Russes, un ancien «ministre de la Défense» de la république autoproclamée de Donetsk, un ex-officier du renseignement militaire et un vétéran de l’armée, qui a choisi d’être représenté par un avocat néerlandais. Les trois autres sont jugés par contumace, puisque aucun d’eux ne s’est présenté à l’audience.

Ils sont accusés d'avoir convoyé le système de missiles antiaériens BUK, qui aurait ensuite été tirés par des personnes encore non identifiées. Poursuivis pour meurtre, les quatre hommes encourent la perpétuité. Mi-novembre, les enquêteurs ont dévoilé le contenu de conversations téléphoniques révélant des «liens étroits» entre les quatre accusés et de hauts responsables russes, dont le ministre de la Défense et un proche conseiller du président Vladimir Poutine.